FICHE 20 – Perspective historique de la responsabilité sociale des entreprises (RSE).

Référence :
Jbara, N. (2017). Perspective historique de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Revue multidisciplinaire sur l’emploi, le syndicalisme et le travail (REMEST), 11(1), 86-102.

https://research-ebsco-com.devinci.idm.oclc.org/c/ry7y5r/search/details/xzor6bqhrf?isDashboardExpanded=true&limiters=FT%3AY&q=Responsabilit%C3%A9+sociale+des+entreprises+%E2%80%93+le+d%C3%A9veloppement+d%E2%80%99un+cadre+europ%C3%A9en

Mots-clés :
Responsabilité sociale des entreprises (RSE), développement durable, soutenabilité, éthique, parties prenantes, gouvernance.

Synthèse

Introduction :
Cet article retrace l’évolution historique de la responsabilité sociale des entreprises (RSE), en identifiant trois grandes conceptions : la RSE fondée sur l’éthique (années 1950), la RSE utilitariste (années 1970-1990), et la RSE basée sur la soutenabilité (années 1990). Il analyse également l’intégration de la RSE dans un contexte national, en prenant le Maroc comme exemple de pays en développement.

Développement

La RSE fondée sur l’éthique a émergé dans les années 1950 aux États-Unis, avec un accent mis sur la responsabilité morale des dirigeants. Ce courant repose sur des valeurs individuelles et religieuses, promues par des figures comme Andrew Carnegie et Henry Ford. La notion de « corporate governance » a également vu le jour à cette époque, marquant une séparation entre la gestion et la propriété des entreprises. Cette approche, fortement marquée par la culture américaine, montre cependant des limites en termes d’applicabilité internationale.

Dans les années 1970, une conception utilitariste de la RSE a émergé, plaçant les performances économiques au centre des préoccupations. La notion de « responsiveness » (capacité à répondre aux attentes des parties prenantes) est devenue un pilier clé, appuyée par des outils tels que les audits sociaux et les cadres de gestion des parties prenantes. Cependant, cette approche a parfois réduit les initiatives sociales et environnementales à de simples outils marketing, ce qui a entraîné des critiques quant à leur sincérité.

À partir des années 1990, la conception fondée sur la soutenabilité s’est imposée, particulièrement en Europe. Elle se concentre sur la contribution des entreprises au développement durable, intégrant des objectifs environnementaux, sociaux et économiques. Des événements comme le Sommet de la Terre de Rio (1992) et l’Agenda 21 ont renforcé cette tendance. Contrairement à l’approche anglo-saxonne, l’Europe considère la RSE comme une responsabilité institutionnelle nécessitant un soutien législatif. Cette vision a été structurée autour de cadres comme la norme ISO 26000.

Le cas du Maroc est présenté comme un exemple de l’adoption progressive de la RSE dans les pays en développement. Le développement de la RSE au Maroc a été stimulé par des réformes institutionnelles telles que l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) et par l’introduction du label RSE par la CGEM. Cependant, des défis subsistent, notamment le manque de ressources, une faible qualification du personnel et une méfiance envers les réformes institutionnelles.

Conclusion :
L’article montre que la RSE, initialement perçue comme une approche éthique, a évolué pour devenir un outil stratégique global, particulièrement dans le cadre du développement durable. Si les pays développés ont largement institutionnalisé cette démarche, des obstacles importants subsistent dans les pays en développement. Au Maroc, la RSE est en pleine structuration, mais elle souffre de limitations liées aux contextes institutionnels et organisationnels.

Intégration dans la revue de la littérature
Cet article constitue une ressource essentielle pour comprendre les fondements historiques et les évolutions de la RSE. Il fournit un cadre conceptuel utile pour analyser la RSE dans le secteur de la location longue durée, en lien avec ma problématique sur la performance commerciale et la RSE. La théorie des parties prenantes, abordée dans l’article, est particulièrement pertinente pour explorer comment les entreprises peuvent aligner leurs objectifs commerciaux avec les attentes des clients et collaborateurs. L’exemple marocain apporte une perspective intéressante sur l’intégration des pratiques RSE dans un contexte émergent, renforçant l’idée que ces pratiques peuvent être des leviers de différenciation et de compétitivité.

Bibliographie citée
Carroll, A. B. (1991). The pyramid of corporate social responsibility: Toward the moral management of organizational stakeholders. Business Horizons, 34(4), 39-48.
Freeman, R. E. (1984). Strategic management: A stakeholder approach. Pitman Publishing.
Laville, É. (2002). L’entreprise verte. Village Mondial.
OCDE. (2011). Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales. Éditions OCDE.
Crane, A., Matten, D., & Moon, J. (2008). Corporations and citizenship. Cambridge University Press.