Storytelling for Sustainability

Fischer, D., Selm, H., Sundermann, A., & Storksdieck, M. (2020). Storytelling for Sustainability: A Definition and Its Implications for Education and Communication. In P. Molthan-Hill, D. Baden, T. Wall, H. Puntha, & H. Luna (Eds.), Storytelling for Sustainability in Higher Education: An Educator’s Handbook (pp. 38-51). London: Routledge.

Mots clés : Storytelling et développement durable; communication environnementale; Narration; engagement du public

L’article de Fischer, Selm, Sundermann et Storksdieck (2020) analyse comment le storytelling peut être utilisé comme un outil puissant pour sensibiliser et éduquer sur le développement durable. Les auteurs introduisent le concept de SusTelling (Storytelling for Sustainability) et montrent en quoi les récits peuvent aider à mieux comprendre des enjeux environnementaux souvent perçus comme abstraits ou complexes. Grâce à une approche narrative, il est possible d’engager plus efficacement le public en combinant faits, émotions et mise en contexte (Dahlstrom, 2014).

Le storytelling permet de rendre plus accessibles les thématiques du développement durable en illustrant les défis écologiques à travers des expériences concrètes et des récits engageants (Reinermann, Lubjuhn, Bouman, & Singhal, 2014). Cependant, malgré son efficacité reconnue, il manque encore un cadre structuré pour encadrer son usage dans ce domaine (Fischer, Sundermann, & Selm, 2019). Pour clarifier cette approche, les auteurs proposent une définition du SusTelling, qui repose sur plusieurs éléments essentiels. Un récit efficace doit suivre une structure claire avec un début, un développement et une conclusion, mettre en scène des personnages confrontés à des défis environnementaux, et intégrer un cadre temporel et spatial précis. L’impact du récit dépend aussi du ton employé et du support utilisé, qu’il soit oral, écrit, numérique ou interactif (Hinyard & Kreuter, 2007 ; Heimes, 2016).

Plusieurs facteurs influencent l’efficacité du storytelling dans la communication sur la durabilité. Le contenu doit traiter des thématiques spécifiques comme la protection de l’environnement ou la justice sociale (Geiger, Fischer, & Schrader, 2018). Le support de diffusion joue aussi un rôle clé : qu’il s’agisse de films, de publications sur les réseaux sociaux, d’expositions ou de jeux interactifs, le média utilisé peut amplifier la portée du message (Jenkins, 2007). Enfin, le cadre d’application détermine la façon dont le storytelling est exploité, que ce soit dans le domaine éducatif, en entreprise ou dans des campagnes de sensibilisation à grande échelle (Storksdieck, Bevan, Risien, Nilson, & Wills, 2018).

L’un des principaux avantages du storytelling appliqué au développement durable est sa capacité à capter l’attention et à favoriser la mémorisation en utilisant des schémas narratifs familiers aux êtres humains (Sugiyama, 1996). Il permet également d’humaniser les problématiques environnementales en mettant en avant des expériences réelles qui suscitent l’empathie et l’engagement du public (Wilson, 2005). De plus, en confrontant les individus à des dilemmes éthiques, il encourage la réflexion et peut influencer les comportements en incitant les spectateurs ou lecteurs à repenser leurs habitudes et leurs choix (McGreavy & Lindenfeld, 2014).

Cependant, les auteurs mettent aussi en garde contre certains risques liés à l’utilisation du storytelling dans la communication sur la durabilité. L’un des dangers est la simplification excessive des enjeux, ce qui peut conduire à une vision biaisée ou incomplète des problèmes environnementaux (Choi, Niyogi, Shepardson, & Charusombat, 2010). Un autre risque réside dans la manipulation émotionnelle : certains récits, en jouant trop sur l’émotion, peuvent influencer l’opinion publique au détriment d’une réflexion critique et nuancée (Lee & Leets, 2002). De plus, certaines entreprises peuvent utiliser le storytelling à des fins purement commerciales, en mettant en avant des engagements écologiques sans réelle action concrète, ce qui pose la question du greenwashing (Fischer et al., 2019).

Pour éviter ces dérives, les auteurs recommandent plusieurs stratégies :

  1. Favoriser des récits interactifs et immersifs, où le public peut s’approprier l’histoire et tirer ses propres conclusions (Baldwin & Ching, 2017).
  2. Évaluer l’impact du storytelling, afin de mesurer ses effets réels sur les comportements et les attitudes face au développement durable (Fischer et al., 2019).
  3. Encourager un équilibre entre émotion et information, pour éviter la simplification des problématiques et favoriser une compréhension nuancée

En conclusion, l’article montre que le storytelling est un outil précieux pour sensibiliser aux enjeux du développement durable, mais qu’il doit être utilisé avec précaution. S’il permet de rendre les problématiques écologiques plus accessibles et engageantes, il peut aussi présenter des limites s’il est mal utilisé. Une approche réfléchie et équilibrée du SusTelling est donc essentielle pour garantir une communication à la fois percutante et fidèle aux réalités du développement durable.

 

Références

  • Baldwin, S., & Ching, Y.-H. (2017). Interactive storytelling: Opportunities for online course design. TechTrends, 61(2), 179–186.
  • Choi, S., Niyogi, D., Shepardson, D. P., & Charusombat, U. (2010). Do Earth and Environmental Science textbooks promote conceptual development about climate change? Bulletin of the American Meteorological Society, 91(7), 889–898.
  • Dahlstrom, M. F. (2014). Using narratives and storytelling to communicate science with nonexpert audiences. Proceedings of the National Academy of Sciences, 111(4), 13614–13620.
  • Fischer, D., Selm, H., Sundermann, A., & Storksdieck, M. (2020). Storytelling for Sustainability: A Definition and Its Implications for Education and Communication. In P. Molthan-Hill, D. Baden, T. Wall, H. Puntha, & H. Luna (Eds.), Storytelling for Sustainability in Higher Education: An Educator’s Handbook (pp. 38-51). London: Routledge.
  • Geiger, S. M., Fischer, D., & Schrader, U. (2018). Measuring what matters in sustainable consumption: An integrative framework. Sustainable Development, 26(1), 18-33.
  • Hinyard, L. J., & Kreuter, M. W. (2007). Using narrative communication as a tool for health behavior change. Health Education & Behavior, 34(5), 777-792.
  • Lee, E., & Leets, L. (2002). Persuasive storytelling by hate groups online. American Behavioral Scientist, 45(6), 927-957.
  • McGreavy, B., & Lindenfeld, L. (2014). Climate change films and sustainable development values. International Journal of Sustainable Development, 17(2), 123-136.
  • Wilson, D. S. (2005). Evolutionary social constructivism. In J. Gottschall & D. S. Wilson (Eds.), The literary animal: Evolution and the nature of narrative (pp. 20-37). Northwestern University Press.