Orientations de la confiance et comportement d’achat : Le cas de l’achat de vin

Author(s) : John D. Wells, Gil MORROT

Cet article présente les résultats d’une étude qualitative  à propos de la confiance en situation d’achat. De nombreuses études privilégient la confiance dans la marque, or elle ne représente qu’un seul des éléments de la relation entre le consommateur et les produits. De plus ces études s’appuient bien trop souvent sur des échelles de réponses qui ne permettent pas forcément au consommateur d’exprimer de façon libre ce qu’ il entend par le terme « confiance », or elle ne représente qu’un des éléments de la relation entre le consommateur et les produits. L’étude qui est présentée dans l’article s’appuie sur l’analyse lexicale du discours des consommateurs pour répondre à la question « Quand vous achetez du vin, qu’est ce qui fait que vous achetez en confiance ? ». 
Les résultats, sur un échantillon de 1 312 personnes, nous dévoilent la diversité des orientations de confiance et nous montre les liens entre ces orientations et le comportement des consommateurs. En effet, l’analyse lexicale a permis d’identifier 6 classes correspondant aux différentes orientations prises par les personnes interrogées.
Classe 1 : Personnes qui ont un discours bâti principalement autour des notions d’origine et de marque.
Classe 2 : Les consommateurs se réfèrent là aussi à l’origine mais avec une conception différente, c’est la mise en bouteille au château et à la propriété qui est à la base de leur confiance.
Classe 3 : Cette classe comprend les personnes qui, lorsqu’ils achètent une bouteille ne sont jamais totalement confiant dans leur choix, car ils se fient à des variables relativement aléatoire (prix, promotions…).
Classe 4 : Dans cette classe, ce sont la ville de Bordeaux et la région Bourgogne qui sont privilégiées, et plus généralement l’origine Française.
Classe 5 : Les consommateurs de cette classe cherchent le conseil de « connaisseurs » (professionnels, cavistes, proches, …)
Classe 6 : Cette classe est centrée autour de la notion de connaissance et l’expérience : le consommateur a la nécessité de « connaître » à la fois le vin et celui qui le vend.
L’étude permet de mettre en évidence deux grandes orientations de la confiance, la première (classes 1, 2 et 4) est basée sur des indicateurs de qualité comme la marque ou la mention de l’origine, l’étiquette, le prix… et la seconde (classes 3,5 et 6)  est plus orientée vers la recherche de conseil via une personne de confiance. L’étude des deux groupes fait apparaître des liens significatifs entre les orientations de la confiance et les différentes variables étudiées (fréquence de consommation du vin, lieu d’achat du vin, ruralité, âge, sexe, revenus, situation familiale…). 
Cette étude, et particulièrement l’utilisation de l’analyse lexicale pour analyser le discours, contribue à une meilleure compréhension de ce que recouvre le terme de confiance pour les consommateurs. Elle permet notamment de montrer qu’envisager uniquement la confiance dans la marque est une erreur car cela occulterait de nombreux indicateurs décisifs dans le processus d’achat des consommateurs. De plus, l’étude nous montre tout l’intérêt d’un modèle dynamique antécédent-confiance-comportement.
Références Bibliographiques :
 
Apfelbaum M. (1998), Risques et peurs alimentaires, Eds O. Jacob, Paris, 284 p.
Aron L. (1999), Du vin du culte au culte du vin : Evolution de la pensée " magique " du vin, Journal international de la vigne et du vin, Hors Série dégustation, 45-51
Aurier P. (1998) Stratégies de marque dans le secteur du vin, Colloque " Primeur d’automne, primeur d’Hérault ", Montpellier, 20 novembre
Boulet D., J-P. Laporte, P. Aigrain et J-B. Lalanne (1995), La connaissance des vins par les Français en 1995, Collection " Le point sur ", Eds Onivins, Paris
Brochet F., G. Morrot (1999), Influence du contexte sur la perception du vin, implications cognitives et méthodologiques, Journal international de la vigne et du vin, 33, 4, 187-192
Brousseau A.-D., J.-L. Volatier (1999), Le consommateur français en 1998. Une typologie des préférences, Cahier de Recherche du CREDOC, 130, Paris, 170p.
Duflos C., G. Hatchuel, A.-D. Kowalski and J.-P. Loisel (1998),  Les opinions des Français sur la qualité et sur les risques sanitaires des produits alimentaires, Collection des Rapports n° 190, CREDOC, Paris
Falconnet F., (2000), Qualité et origine, Revue des œnologues, 97, novembre, 13-16
Filser M. (1998), Confiance et comportement du consommateur, Economies et Sociétés, Sciences de Gestion, 8-9, 279-294
Filser M. (2000), La valeur du comportement de magasinage. De la conceptualisation aux stratégies de positionnement des enseignes, Colloque E Thil, La Rochelle, septembre
Flandrin J.-L., M. Montanari (dir.), (1996), Histoire de l’alimentation, Paris, Fayard
Frisou (2000), " Confiance personnelle et engagement : une réorientation behavioriste ", Recherche et Applications en Marketing, 15, 1, 63-80
Ganesan et Hess (1997), Dimensions and Levels of trust : Implications for Commitment to a Relationship, Marketing Letters, 8, 4, 439-448
Gavard-Perret et Moscarola (1998), Enoncé ou énonciation ? Deux objets différents de l’analyse lexicale en marketing, Recherche et Applications en Marketing,13,2, 31-47
Guibert N. (1999), " La confiance en marketing : fondements et applications ", Recherche et Applications en Marketing, 14, 1, 1-20
Gurviez P. (1999), La confiance comme variable explicative du comportement du consommateur : Proposition et validation empirique d’un modèle de la relation à la marque intégrant la confiance, Actes de l’Association Française de Marketing, 15, Strasbourg, 301-327
Hess J. (1995),  Construction and assessment of a scale to measure consumer trust , American Marketing Association, summer, 20-26
Howard J. A. et J. N. Sheth (1969), The Theory of Buyer Behavior, New York, Wiley
Howard J. A., (1989), Consumer Behavior in Marketing Strategy, Englewood Cliffs, New Jersey, Prentice Hall
Lahlou S. (1998),  Penser manger. Alimentation et représentations sociales, PUF, Collection Psychologie sociale
Laroche M. et N. Caron (1995), Test d’un modèle d’intention à effets multiples incluant la confiance et la concurrence : une application aux maisons de courtage, Recherche et Applications en Marketing, 10, 23-38
Laroche M., C. Kim et L. Zhou (1996), Brand Familiarity and Confidence as Determinants of Purchase Intention : An Empirical Test in a Multiple Brand Context, Journal of Business Research, 37, 2
Reinert M. (1986), Un logiciel d’analyse lexicale : Alceste, Les Cahiers de l’Analyse des Données, 11, 4, 471-484
Reinert M. (1993), Les " mondes lexicaux " et leur " logique " à travers l’analyse d’un corpus de récits de cauchemars, Langage et société, décembre, 5-39
Sirieix L., P.-L. Dubois (1999), Vers un modèle qualité-satisfaction intégrant la confiance ?, Recherche et Applications en Marketing, 14, 3, 1-22
Sirieix L., G. Morrot (2000), " La confiance en situation d’achat : Une analyse lexicale des discours des consommateurs ", Actes des 1ers Ateliers de Recherche sur le Risque en Marketing, O.S.E.S., 63-79
Usunier J-C (coord.) (2000),  Confiance et performance, Vuibert, 229 p.

Leave a Reply