Fiche de lecture
Titre : The Extended Transportation-Imagery Model: A Meta-Analysis of the Antecedents and Consequences of Consumers’ Narrative Transportation
Auteurs : Van Laer, T., De Ruyter, K., Visconti, L. M., & Wetzels, M.
Source : Journal of Consumer Research, Vol. 40, No. 5 (2014), pp. 797–817
Mots-clés : transportation narrative, imagerie mentale, persuasion narrative, engagement affectif, CLT, visuel immersif, médiation culturelle.
1. Sujet de l’article
Cet article propose une version enrichie du modèle de la transportation narrative (Transportation-Imagery Model) en réalisant une méta-analyse sur 76 articles scientifiques. Il identifie les antécédents (facteurs qui favorisent la transportation) et les conséquences (impact sur les attitudes et croyances) de ce processus. L’objectif est de mieux comprendre comment et pourquoi les consommateurs s’immergent dans une narration, et les effets que cette immersion produit sur leur comportement.
2. Concepts-clés utiles pour le mémoire
Narrative Transportation
Etat dans lequel le consommateur est complètement absorbé par un récit, au point de se déconnecter temporairement de son environnement réel. Deux composantes clés :
- Empathie pour les personnages
- Imagerie mentale stimulée par la narration
Cela rejoint la notion de traitement concret et immersif (niveau bas de CLT).
Narrative Persuasion
Changement d’attitude ou de comportement provoqué par la transportation. Moins critique, plus durable. Comparable au “sleeper effect” (persuasion retardée mais persistante).
Verisimilitude
Degré de vraisemblance perçu dans l’histoire. Plus une histoire semble plausible, plus elle facilite l’immersion narrative.
Transportability
Prédisposition individuelle à se laisser absorber par les histoires. Lien direct avec la capacité d’imagerie mentale.
Utiliser cette variable pour envisager des différences interindividuelles dans la réception d’affiches artistiques.
Story vs Narrative
- Story : production du narrateur (ce qui est raconté)
- Narrative : ce que le récepteur comprend, vit, imagine (personnalisé par l’expérience).
Cela rejoint la notion de co-construction du sens, essentielle en médiation visuelle.
3. Résultats principaux (méta-analyse)
Antécédents :
- Narrateur :
- personnages bien définis (r = .20)
- intrigue imagée (r = .29)
- vraisemblance (r = .27)
- Récepteur :
- familiarité avec le sujet (r = .21)
- attention (r = .29)
- transportability (r = .30)
- éducation (r = .10), sexe féminin (r = .15)
Conséquences :
- Augmentation des réactions affectives (r = .57)
- Réduction des pensées critiques (r = -0.20)
- Renforcement des croyances, attitudes, intentions
Ces effets démontrent l’efficacité de l’immersion sur la persuasion non rationnelle.
4. Apports pour le mémoire
- Le modèle montre comment la forme d’un contenu (narratif ou visuel) agit sur la façon dont il est traité cognitivement.
- En lien avec la CLT, on peut rapprocher la couleur (vs NB) de la narration immersive : elle favorise un traitement sensoriel, affectif et concret.
- Justifie que le choix esthétique (visuel artistique, couleurs riches) peut être un levier de transportation visuelle, et donc de persuasion.
- Renforce l’intérêt de mesurer les effets affectifs dans le questionnaire (préférence, attachement, agrément, etc.).
- Ouvre des pistes pour explorer comment une affiche artistique peut capter l’attention et créer une connexion affective, même sans texte.
5. Limites de l’article
- L’article se concentre sur des contenus narratifs (textes, vidéos), pas spécifiquement visuels ou publicitaires.
- Moins utile pour des designs très courts ou purement esthétiques (ex : logos, pictos simples).
Conclusion de la fiche de lecture
Le modèle étendu de la transportation narrative propose une grille de lecture très utile pour ton mémoire. Il met en lumière les mécanismes affectifs et cognitifs activés par l’immersion, qu’elle soit narrative ou visuelle. En associant cette théorie à la CLT, il est possible de justifier que des visuels en couleur, artistiques ou riches sensoriellement, favorisent une réception plus concrète, plus affective et potentiellement plus persuasive. Cela s’inscrit pleinement dans la démarche d’analyse du rôle de l’esthétique dans les affiches publicitaires.