Nudging – A promising tool for sustainable consumption behaviour?

Lehner, M., Mont, O., & Heiskanen, E. (2016). Nudging – A promising tool for sustainable consumption behaviour? Journal of Cleaner Production, 134, 166-177. https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2015.11.086

 

Le nudging, ou l’art d’influencer les comportements sans imposer de contraintes, est étudié comme un levier pour encourager des habitudes de consommation plus durables. Cette approche vise à orienter les choix en modifiant l’environnement de prise de décision (Thaler & Sunstein, 2008). L’article de Lehner, Mont et Heiskanen (2016) analyse le rôle du nudging dans la promotion de comportements plus responsables, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’alimentation et de la mobilité.

Les recherches montrent que les décisions humaines sont influencées par des biais cognitifs qui rendent les choix parfois irrationnels (Kahneman, 2011). Contrairement aux politiques classiques basées sur l’information ou les incitations financières, le nudging repose sur des ajustements de l’environnement décisionnel, tels que la présentation des options, la simplification de l’information ou l’influence des normes sociales (Mont & Power, 2013 ; Hansen, 2014).

Dans le domaine de l’énergie, certaines études ont observé que les consommateurs tardent à adopter des solutions énergétiques plus durables en raison de divers biais cognitifs, tels que la difficulté à percevoir les bénéfices à long terme (Frederiks et al., 2015). Des dispositifs comme le retour d’informations détaillé sur la consommation d’énergie, où les utilisateurs peuvent comparer leur consommation à celle de ménages similaires, ont été associés à une réduction de la consommation énergétique pouvant atteindre 11 % (Delmas et al., 2013). Certaines approches, comme la mise en place d’une électricité verte en option par défaut, ont également montré une augmentation de l’adoption des énergies renouvelables. Toutefois, ces effets ont tendance à diminuer si les rappels et incitations ne sont pas maintenus dans le temps (Darby, 2012).

Dans le domaine de l’alimentation, des recherches suggèrent que la disposition des aliments et la taille des portions influencent significativement les comportements alimentaires (Wansink, 2004). Par exemple, réduire la taille des assiettes dans les buffets a été associé à une diminution de 20 % du gaspillage alimentaire (Kallbekken & Sælen, 2013). L’ajout d’étiquettes environnementales sur les produits alimentaires a également permis d’orienter les consommateurs vers des produits à plus faible empreinte carbone, en particulier dans les supermarchés où les décisions sont souvent prises rapidement et influencées par des éléments visuels (van Gilder Cooke, 2012). Cependant, ces interventions semblent moins efficaces dans un cadre domestique, où les habitudes alimentaires sont influencées par d’autres facteurs tels que la publicité ou l’éducation alimentaire (Lombardini & Lankoski, 2013).

Dans le secteur des transports, où les comportements sont souvent bien ancrés, certaines études indiquent que les nudges doivent être particulièrement bien conçus pour encourager des changements durables. Par exemple, des dispositifs de retour d’informations sur les trajets effectués, en mettant en évidence l’impact carbone de chaque mode de transport, ont été associés à une réduction des émissions de CO2 pouvant atteindre 19 % (Fujii & Taniguchi, 2006). L’aménagement urbain, tel que l’augmentation des infrastructures cyclables ou l’amélioration des signalisations, a également été identifié comme un levier facilitant l’adoption de modes de transport plus respectueux de l’environnement (Pucher & Buehler, 2008). Cependant, certaines recherches soulignent que la perception de la voiture comme un mode de transport plus confortable et flexible constitue un frein à l’adoption d’alternatives plus durables (Gössling, 2013).

L’efficacité du nudging dépend également de son intégration dans les politiques publiques. Certains travaux ont montré que les interventions sont plus efficaces lorsqu’elles sont combinées à d’autres stratégies incitatives (Avineri & Goodwin, 2010). Toutefois, des débats existent sur les aspects éthiques de ces pratiques, notamment en ce qui concerne la transparence et le respect du libre arbitre (Hausman & Welch, 2010). Certains auteurs insistent sur la nécessité de permettre aux individus de faire des choix éclairés sans imposer de restrictions implicites (Sunstein & Reisch, 2013).

 

Bibliographie :

  • Avineri, E., & Goodwin, P. (2010). Behavioural economics and transport demand management: implications for consumer behavior and travel choice. Transportation Research Part F: Traffic Psychology and Behaviour, 13(1), 29-38.
  • Darby, S. (2012). The effectiveness of feedback on energy consumption. A Review for DEFRA of the Literature on Metering, Billing and Direct Displays, 486-501.
  • Delmas, M. A., Fischlein, M., & Asensio, O. I. (2013). Information strategies and energy conservation behavior: A meta-analysis of experimental studies from 1975 to 2012. Energy Policy, 61, 729-739.
  • Kahneman, D. (2011). Thinking, fast and slow. Farrar, Straus and Giroux.
  • Kallbekken, S., & Sælen, H. (2013). ‘Nudging’ hotel guests to reduce food waste as a win-win environmental measure. Economical Letters, 119(3), 325-327.
  • Thaler, R. H., & Sunstein, C. R. (2008). Nudge: Improving decisions about health, wealth, and happiness. Yale University Press.
  • Wansink, B. (2004). Environmental factors that increase the food intake and consumption volume of unknowing consumers. Annual Review of Nutrition, 24, 455-479.