Connaissances et attitudes des professionnels de santé concernant l’adoption de l’IA en médecine

Référence bibliographique

Rony, M. K. K., Akter, K., Nesa, L., Islam, M. T., Johra, F. T., Akter, F., Uddin, M. J., Begum, J., Noor, M. A., Ahmad, S., Tanha, S. M., Khatun, M. T., Bala, S. D., & Parvin, M. R. (2024). Healthcare workers’ knowledge and attitudes regarding artificial intelligence adoption in healthcare: A cross-sectional study. Heliyon, 10, e40775.

Mots-clés

Intelligence artificielle, adoption technologique, professionnels de santé, connaissances sur l’IA, attitudes envers l’IA, formation médicale

L’IA en médecine : Adoption et perception des professionnels de santé

L’intelligence artificielle (IA) est de plus en plus intégrée dans la pratique médicale, mais son acceptation par les professionnels de santé reste un facteur clé de son adoption réussie. L’étude de Rony et al. (2024) examine les connaissances et attitudes des professionnels de santé à Dhaka (Bangladesh) vis-à-vis de l’IA en milieu médical.

L’objectif principal de cette recherche était d’analyser comment les caractéristiques démographiques (âge, expérience, formation) influencent la perception et l’acceptabilité de l’IA dans les soins médicaux. Une approche transversale combinant un échantillonnage aléatoire et de convenance a permis d’interroger 431 professionnels de santé, incluant médecins, infirmiers et administrateurs hospitaliers.

Résultats de l’étude sur l’adoption de l’IA par les soignants

L’étude a mis en lumière plusieurs tendances importantes :

  1. Niveau de connaissance sur l’IA :
    • 39,26 % des participants avaient une bonne connaissance de l’IA, tandis que 60,74 % présentaient un faible niveau de compréhension.
    • Les jeunes professionnels (18-25 ans) étaient les plus informés sur l’IA (AOR 1,56, IC 95 % : 1,12–2,43).
    • L’apprentissage par la lecture d’articles scientifiques était associé à une meilleure connaissance de l’IA (AOR 1,31, IC 95 % : 0,98–2,09).
  1. Attitudes envers l’IA :
    • 73,06 % des soignants avaient une attitude positive envers l’IA, tandis que 26,94 % exprimaient des réserves.
    • Une corrélation positive forte a été observée entre niveau de connaissance et attitude favorable (r = 0,89, p < 0,001).
    • Les craintes les plus fréquentes concernaient le remplacement des emplois (46,40 %) et la fiabilité des décisions IA (48,5 %).
  1. Facteurs influençant l’adoption de l’IA :
    • Les médecins et infirmiers affichaient les niveaux les plus élevés de connaissances et d’ouverture à l’IA.
    • Les travailleurs à plein temps étaient plus enclins à utiliser l’IA que les contractuels et les intérimaires.
    • La participation à des conférences sur l’IA augmentait significativement les chances d’adoption (AOR 1,27, IC 95 % : 0,92–2,23).

Défis liés à l’adoption de l’IA en milieu médical

Plusieurs obstacles freinent l’adoption de l’IA par les professionnels de santé :

  • Manque de formation sur l’IA : Peu de programmes formels permettent aux soignants de comprendre et d’utiliser ces technologies.
  • Questions éthiques et médico-légales : L’IA soulève des préoccupations en matière de confidentialité et de responsabilité en cas d’erreur diagnostique.
  • Interopérabilité des systèmes : Les infrastructures hospitalières doivent être adaptées pour intégrer ces nouveaux outils.
  • Résistance au changement : Une partie des professionnels de santé craint que l’IA ne remplace certains rôles cliniques.

Recommandations pour une meilleure adoption de l’IA en santé

Pour optimiser l’intégration de l’IA, Rony et al. (2024) proposent plusieurs mesures :

  1. Renforcer la formation et la sensibilisation : Développer des cours spécialisés et des séminaires sur l’IA pour les soignants.
  2. Définir un cadre réglementaire clair : Assurer la transparence et l’explicabilité des décisions médicales basées sur l’IA.
  3. Intégrer l’IA comme un outil de soutien : Favoriser une collaboration entre intelligence artificielle et expertise humaine.
  4. Protéger les données patients : Développer des normes strictes de cybersécurité pour garantir la confidentialité des informations médicales.
  5. Accompagner le changement : Informer et rassurer les professionnels de santé sur l’impact réel de l’IA dans leur pratique.

Conclusion

L’adoption de l’intelligence artificielle par les professionnels de santé est une étape clé pour moderniser le secteur médical. Si l’IA peut améliorer la précision des diagnostics et optimiser l’organisation des soins, elle suscite encore des réticences liées au manque de formation et aux incertitudes réglementaires.

L’étude de Rony et al. (2024) souligne la nécessité d’une formation adaptée et d’un cadre éthique robuste pour favoriser une transition fluide vers une médecine augmentée par l’IA. La collaboration entre décideurs, chercheurs et soignants sera essentielle pour garantir une intégration bénéfique à la fois pour les praticiens et les patients.

Bibliographie

  • Rony, M. K. K., Akter, K., Nesa, L., Islam, M. T., Johra, F. T., Akter, F., Uddin, M. J., Begum, J., Noor, M. A., Ahmad, S., Tanha, S. M., Khatun, M. T., Bala, S. D., & Parvin, M. R. (2024). Healthcare workers’ knowledge and attitudes regarding artificial intelligence adoption in healthcare: A cross-sectional study. Heliyon, 10, e40775.
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