Génération Z: une génération en quête de risques et d’éthique entrepreneuriale

Fiche de lecture  :

Référence au format APA :

Dalmas, M. (2022). Génération Z: une génération en quête de risques et d’éthique entrepreneuriale. Vie & sciences de l’entreprise, (1), 129-140.

Mots clés de l’article :

Générations Millennials et Z, Insatisfaction au travail, Valeurs éthiques et RSE, Entrepreneuriat, Autonomie et flexibilité.

Synthèse :

Préambule : Une étude de Deloitte (2018) montre que les générations des Millennials (nés entre 1983 et 1994) et de la génération Z (nés entre 1995 et 1999) sont insatisfaits de leur travail et recherchent des valeurs telles que la motivation et l’éthique. Les répondants (10 455 Millennials et 1 844 Génération Z) déplorent le fait que les entreprises se concentrent trop sur le profit au détriment de leurs valeurs. Ils sont également intéressés par les relations interpersonnelles basées sur la confiance et l’éthique. La fidélité envers l’entreprise a également diminué et près de la moitié d’entre eux envisage de quitter leur entreprise dans les deux prochaines années. Une autre enquête (Dalmas, 2019) a montré que les valeurs de 276 jeunes nés en 1995 et 1996 concernant les valeurs organisationnelles étaient liées à l’entrepreneuriat. Les résultats montrent que ces générations accordent de l’importance aux valeurs éthiques et à la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE).

  1. MISE EN PERSPECTIVE D’UN POINT DE VUE DU COLLECTIF

Le management des nouvelles générations nécessite une révision en raison des changements dans les organisations et du travail. Les modes de gouvernance actuelles ne sont plus acceptés par les jeunes recrues et il est nécessaire de prendre en compte la nouvelle génération de valeurs postmodernes. Les entreprises doivent également envisager l’entrepreneuriat en tant que solution pour donner un sens à l’action collective. Les points de convergence pour une évolution des pratiques managériales incluent le partage des valeurs, le respect de l’éthique, la puissance de l’imaginaire partagé et la pratique du “care”. Les nouvelles technologies révolutionnent notre mode de vie et peuvent aider à redécouvrir les modalités de fonctionnement.

Une étude de 2018 a montré que la génération Z est à la recherche d’expériences de vie, d’échanges et de liens de confiance. Ils sont séduits par les nouveaux modes de travail mais restent à la recherche de sécurité, le CDI étant toujours considéré comme un objectif. Cependant, la moitié des jeunes de 15 à 24 ans pensent que le CDI va disparaître pour être remplacé par des CDD ou du travail indépendant. La génération Z rejette les entreprises traditionnelles et un sur quatre souhaite être son propre patron. Ils cherchent à être impliqués dans les décisions stratégiques et considérés d’égal à égal par leurs managers. Ils veulent conserver leur autonomie et leur flexibilité tout en s’engageant dans une responsabilité sociétale. Pour 25% d’entre eux, l’idéal de l’entreprise est de diriger son propre projet.

  1. UNE ANALYSE CONCEPTUELLE D’APRÈS LE MODÈLE DE ROKEACH

Les recherches actuelles indiquent généralement une relation positive entre la perception de la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) et la bonne réputation de l’entreprise auprès des jeunes. Il existe différents cadres de référence pour la RSE et le développement durable. Les valeurs sont des croyances durables qui peuvent expliquer en partie les comportements. Il est important d’étudier les valeurs de la Génération Z en matière de culture organisationnelle en utilisant l’outil “Organizational Culture Profil”. L’échantillon de l’étude comprenait 276 jeunes étudiants en formation pour des métiers de la gestion. Après une phase exploratoire, l’instrument de mesure a été purifié pour améliorer sa qualité métrique.

Conclusion :

La Génération Z semble suivre le chemin de l’entrepreneuriat, car elle est animée par de nouvelles valeurs telles que l’autonomie, la flexibilité et les préoccupations RSE. Les entreprises traditionnelles ne sont pas toujours en mesure de répondre à ces attentes, donc les jeunes se tournent de plus en plus vers l’entrepreneuriat. En 2020, il y a eu une augmentation de 4% de la création d’entreprises, avec en moyenne 36 ans pour les créateurs d’entreprises individuelles et 41% des créateurs étant âgés de moins de 30 ans. Les micro-entrepreneurs sont même plus jeunes que les entrepreneurs classiques. Cela peut être considéré comme une tendance sociétale importante.

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