Writing to the unknown: Bloggers and the presence of backpackers

Author(s) : Niki Panteli, Lin Yan et Petros Chamakiotos

Panteli, N., Yan, L., et Chamakiotos, P., (2011), Writing to the unknown: Bloggers and the presence of backpackers, Information Technology & People, 24, 4, 362-377
 
 

I) Introduction

 
Avec la progression des technologies d’information et de communication (TIC), de nouveaux types de relations sociales émergent, et celles existantes changent (Castells, 2000, 2001 ; Giddens, 1990)
 
But de ce papier : explorer la notion de « présence » à l’intérieur d’environnement en connecté, grâce aux TIC, et particulièrement grâce aux blogs en prenant l’exemple particulier des routards.
 
Problématique : Comment les routards utilisent-ils les blogs dans le but de maintenir et de conserver leur présence ?
 
 
II) La présence dans le cadre d’un environnement en ligne
 
Dans le cadre de ce travail, il a été tout de suite important de définir la notion de « présence », qui revêt une des caractéristiques vitales de toutes interactions virtuelles.
 
Cependant, malgré l’importance fondamentale de cette notion, les auteurs ont remarqué qu’il y a un véritable manque de littérature sur cette thématique. De fait, le travail envisagé sur la présence dans un environnement virtuel est tout aussi limité.
 
Il existe trois perspectives différentes de la présence dans un cadre virtuel :
1. La « richesse sociale » de la technologie (Short et al., 1976 ; Karahanna et Limayem, 2000) : La présence est définie comme étant l’étendue de quel signaux sociaux sont transmis via les communications online.
2. La perception des individus  d’un cadre « imaginaire » via la technologie (Steuer, 1992 ; Biocca et Delaney, 1995 ; Lombard et Ditton, 1997) : la présence est définie comme une illusion qu’une action via la technologie est ressentie comme étant identique ou similaire à une action immédiate dans le monde réel.
3. La construction sociale de la présence (Panteli, 2004 ; Orilowski, 2002) : la présence est définie comme étant une « disponibilité sociale », c’est-à-dire que l’individu a la volonté d’interagir, de manière négociée, via les communications online.
 
Un blog est un moyen de communication qui est disponible très largement disponible, peu coûteux et facile à utiliser, ce qui a permis aux blogs de devenir répandus pour les routards, mais aussi pour tous types de voyageurs (Pan et al., 2007)
 
Objectif : accroître notre compréhension de la notion de  « présence » dans un cadre virtuel, avec un focus spécifique sur les personnes dispersées autour du monde.
 
 
III) L’acte de tenir un blog
 
Dearstyne (2005) pense que même si les définitions proposées des blogs restent floues, elles s’accordent généralement sur le fait que ce sont des journaux mis en ligne sur le net, où les individus postent leurs idées  dans l’ordre chronologique des publications. De plus, Viega (2005) met en évidence que « la possibilité d’ajouter du contenu sans effacer tout ce qui précède, marque une différence fondamentale entre les blogs et d’autres types de sites web ».
 
Malgré la croissance des blogs, la littérature reste limitée, et ont essentiellement pour but de comprendre ses usages et son potentiel. 
 
Nardi et al. (2004) ont trouvé qu’il y a différentes raisons pour lesquelles les blogueurs créent des blogs, et celles-ci sont liées à l’existence d’une audience :
1. Construire des chroniques d’évènements de tous les jours qui servent à mettre à jour les autres sur la vie des blogueurs
2. Exprimer ses opinions afin d’influencer les autres
3. Chercher les opinions des autres ainsi que leur feedback
4. Penser en écrivant. De fait, le rôle de l’audience est particulièrement puissant pour le blogueur
5. Les blogs peuvent devenir des plates-formes de libre-expression et d’autorité. Dès lors, les blogueurs deviennent plus réfléchis et articulent les experts autours d’eux (Blood, 2002)
 
Blood (2002) : les blogs sont socialement interactifs et constitue quasi une communauté, vu qu’ils encouragent des échanges conversationnels. C’est pourquoi Pluempavarn et Panteli (2008) discutent la notion d’identité sociale dans la blogosphère. Silva et al. (2006, 2009) pensent que les blogs, du fait de leur interactivité et de leur informalité, peuvent être favorable aux pratiques communautaires, générant ainsi des connaissances collectives.  
 
Questions de recherche : 
1. Comment les individus interagissent dans un tel cadre ?
2. Plus spécifiquement, quelle est l’interaction entre soi et l’audience, dans un processus de libre-expression, de réseautage et de management de l’identité ?
 
 
IV) Goffman, l’audience et la présentation de soi
 
Goffman, dans La présentation de soi, envisage la vie sociale comme une scène (région où se déroule la représentation), avec ses acteurs, son public et ses coulisses (l’espace où les acteurs peuvent contredire l’impression donnée dans la représentation). Il nomme façade différents éléments avec lesquels l’acteur peut jouer, tel le décor, mais aussi la façade personnelle (signes distinctifs, statut, habits, mimiques, sexe, gestes, etc.). Les acteurs se mettent en scène, offrant à leur public l’image qu’ils se donnent. Ils peuvent avoir plusieurs rôles, sans qu’il y en ait un plus vrai que l’autre, et prendre leur distance vis-à-vis d’eux, jouant sur la dose de respect à la règle qu’il juge nécessaire ou adéquat. 
 
Ces différentes parties rendent l’étude multidimensionnelle –> satisfaction du but exploratoire de l’étude, et donc de comprendre la notion de présence en ligne.
 
Questions de recherche : 
1. Que signifie la notion de « présence » dans un monde où les personnes sont dispersées tout autour du monde ?
2. Comment font les personnes dispersées dans le monde entier, comme par exemple les routards, pour interpréter leur présence au travers de l’utilisation des blogs ? 
3. Dans quelle mesure la présence de quelqu’un est affectée par la présence d’une audience inconnue ?
4. Que signifie être l’audience du blog de quelqu’un ?
 
 
V) Résultats
 
A) Présence dans la communauté de blogs
 
1 – La présence en tant qu’ « emplacement géographique » : les routards utilisent les blogs comme un moyen d’informer ses amis et sa famille sur où ils sont, à différents moments du voyage. Ils utilisent les possibilités offertes par le site pour poster des photos des endroits qu’ils ont visités. Cela permet aux êtres chers du routard, d’être présent, d’une certaine manière, d’être présent à leur côté, même si la distance physique est là.
 
2 – La présence peut être définie en termes d’appartenance, de participation et d’engagement au sein d’une communauté. Les blogs de voyages sont suivis par des gens qui ont un intérêt commun pour le voyage. Il y a véritablement un sens de l’engagement à la communauté et une volonté de vouloir faire une contribution à celle-ci. Il s’en suit que l’audience invisible influence la manière selon laquelle ils écrivent leur blog.
 
3 – La présence peut être trouvée dans l’expérience elle-même, qui, par l’intermédiaire des blogs, révèle une présence de soi-même. En d’autres mots, les routards sentent qu’ils ne sont pas juste en train d’écrire pour les autres, mais aussi et parfois pour eux-mêmes (fonction de catharsis)
 
B) Agir comme audience inconnue 
 
3 principales de choisir un blog qui serait en lien avec un intérêt pour le pays visité par le blogueur :
– Notre propre pays (où l’on vit ou on y a vécu) 
– A un intérêt pour visiter ce pays
– Est déjà allé dans ce pays
 
3 principales raisons de suivre un blog en tant qu’audience inconnue :
– Partager des informations
– Opportunités de partager, d’exprimer ses ressentis, des opinions ou son expérience
– Participer à l’expérience de quelqu’un en y apportant des perspectives nouvelles
 
 
VI) Discussion
 
A propos d’un travail antérieur sur la variété de présence dans les organisations virtuelles, cela a de nouveau illustré la nature négociée, et donc sociale, de la notion de présence (Panteli, 2004).
 
Cette étude montre que l’audience invisible et inconnue d’un blog a aussi un rôle à jouer en formant sa propre présence en ligne. Les blogueurs font face à de multiples audiences, composées de personnes qu’ils connaissent et de personnes qu’ils ne connaissent pas.
 
Finalement, l’audience invisible joue un rôle important en formant une communauté. Les voyageurs ont ajusté le thème de leur post d’une manière ou d’une autre afin d’être conforme à l’intérêt de leur public.
 
Ces communautés de pratique s’étendent et incorporent l’audience inconnue, du fait qu’elle est intéressée pour partager et améliorer leurs propres connaissances à travers la participation dans les blogs.
 
Théorie des liens forts et des liens faibles (Granvotter, 1973) : explique pourquoi les « étrangers » peuvent être plus enclun à s’impliquer que la famille. Dans l’étude, les liens faibles (entre les blogueurs et l’audience inconnue) a donné accès à un meilleur éventail de connaissances, dût au fait que l’information a été donnée par l’audience inconnue aux blogueurs, et finalement, a permis de créer un niveau plus large de cohésion et d’identification à la communauté. (les liens forts sont ceux que l’on a avec des amis proches [il s’agit de relations soutenues et fréquentes]. Les liens faibles sont faits de simples connaissances. Les liens faibles sont dits "forts" dans la mesure où, s’ils sont diversifiés, ils permettent de pénétrer d’autres réseaux sociaux que ceux constitués par les liens forts.)
 
 
VII) Conclusions et implications
 
Limites de cette étude est basée sur le fait qu’elle est fondée uniquement sur des réflexions et des visions partagées avec nous par les blogueurs au travers d’interviews, sur un forum de discussion, mais aussi sur une audience de référence choisie, que nous nous avons analysée grâce à leur réflexions. De plus, la sélection de ce type très particuliers de blogs ignorent indéniablement le comportement des blogueurs, qui par exemple, bloguent à partir de chez eux.
 
Futures recherches : 
– Mener une recherche pour comparer les relations entre présence et le fait de bloguer sur plusieurs sites
– Observation des interactions entre les blogueurs et l’audience inconnue sur une période donnée
– Comment le contenu du blog à changer au fil du temps, lorsque l’audience est passée d’une audience connue à une audience inconnue ?
– Examiner comment différents groupes réagissent en ligne
 
Implications :
– Domaines d’attraction et de maintien de l’intérêt des audiences 
– Savoir comment développer et soutenir une même identité entre les voyageurs indépendants.
 
Bibliographie :
 
Biocca, F., et Delaney, B., (1995), Immersive virtual reality technology, Communication in the age of virtual reality, éds. F. Biocca et M. R. Levy, Hillsdale, Lawrence Erlbaum Associates, 51-126.
 
Blood, R., (2002), The Weblog Handbook: Practical Advice on Creating and Maintaining your Blog, Cambridge, Perseus Publishing.
 
Castells, M., (2000), The Rise of the Network Society, Londres, 2, Blackwell Publishing.
 
Castells, M., (2001), The Internet Galaxy, Oxford, Oxford University Press.
 
Dearstyne, B. W., (2005), Blogs: the new information revolution?, The Information Management Journal, September/October, 38-44.
 
Giddens, A., (1990), The Consequences of Modernity, Cambridge, Polity.
 
Goffman, E., (1959), The Presentation of Self in Everyday Life, Londres, Penguin.
 
Granovetter, M. S., (1973), The strength of weak ties, The American Journal of Sociology, 78, 1360-1380.
 
Karahanna, E., et Limayem, M., (2000), E-mail et v-mail usage: generalizing across technologies, Journal of Organizational Computing and Electronic Commerce, 10, 1, 49-66.
 
Lombard, M., et Ditton, T., (1997), At the heart of it all: the concept of presence, Journal of Computer-Mediated Communication, 3, 2.
 
Nardi, B. A., Sciano, D. J., Gumrecht, M., et Swartz, L., (2004), Why we blog, Communications of the ACM, 47, 12, 41-46.
 
Orlikowski, W., (2002), Knowing in practice: enacting a collective capability in distributed organizing, Organization Science, 13, 3, 249-273.
 
Pan, B., MacLaurin, T., et Crotts, J. C., (2007), Travel blogs and the implications for destination marketing, Journal of Travel Research, 46, 1, 35-45.
 
Panteli, N., (2004), Discursive articulation of presence in virtual organizing, Information and Organization, 14, 1, 59-81.
 
Pluempavarn, P., et Panteli, N., (2008), Building social identity though blogging, Exploring Virtuality within and beyond Organizations: Social, Global and Local Dimensions, éds. N. Panteli et M. Chiasson, Basingstoke, Palgrave.
 
Short, J., Williams, E., et Christie, B., (1976), The Social Psychology of Telecommunications, Londres, Wiley.
 
Silva, L., Goel, L., et Mousavidin, E., (2009), Exploring the dynamics of blog communities: the case of MetaFilter, Information Systems Journal, 19, 1, January, 55-81.
 
Silva, L., Mousavidin, E, et Goel, L., (2006), Weblogging: implementing community of practice, Social Inclusion: Societal and Organizational Implications for Information Systems, IFIP International Federation for Information Processing, éds E. Trauth, D. Howcroft, T. Butler, B. Fitzerald et J. DeGross, Boston, 208, Springer, 295-316.
 
Steuer, J., (1992), Defining virtual reality: dimensions determining telepresence, Journal of Communication, 42, 4, 73-93.
 
Viega, F. B., (2005), “Bloggers” expectations of privacy and accountabiloity: an initial study, Journal of Computer-Mediated Communication, 10, 3.

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