Mesurer l’impact de la crise Covid-19

Vincent BignonOlivier Garnier (2020), Mesurer l’impact de la crise Covid-19, Revue de l’OFCE, (166), pages 45 à 57 https://doi.org/10.3917/reof.166.0045

 

Mots clés : Nowcasting, Conjoncture, Enquête, Crédit, Epargne

 

Dans cet article on trouve le détail afin de comprendre comment le système d’information statistique de la Banque de France a été adapté et mobilisé pour éclairer sur les conséquences économiques de la crise, en prenant l’exemple de deux productions majeures de la Banque de France : l’estimation du niveau de l’activité économique française à partir de l’Enquête Mensuelle de Conjoncture et la position financière nette des ménages et des entreprises.

 

Développement:

Dans cet article, on nous parle du contexte actuel particulier lié à la pandémie de la COVID-19 et de la Banque de France qui a due adapté son système d’information. Les restrictions administratives ont eu un impact variable selon les secteurs.

L’article met en évidence l’évolution estimer des pertes d’activité et de PIB au cours de l’année 2020 par le biais d’enquêtes. On début la fréquences des enquêtes était mensuelle et elle est devenue par la suite hebdomadaire, auprès des banques commerciales des principaux comptes financiers des ménages et des entreprises.

La récolte de données a permis de constater très rapidement une envolée simultanée de l’endettement et de trésorerie des entreprises et également une forte hausse de l’épargne bancaire des ménages.

Après avoir proposé, dans un premier temps de parler des enquêtes pour estimer les pertes d’activité et le PIB, on nous parle ensuite du suivi rapproché de la situation financière des ménages et des sociétés non financières.

Dans cette article, les enquêtes ont été réalisées par la Banque de France qui est st à la fois productrice et utilisatrice de statistiques. Ces enquêtes sont utilisées pour effectuer chaque mois une prévision du Produit Intérieur Brut (PIB) trimestriel de la France et pour le tableau de bord des tendances économiques régionales.

Durant la période de la COVID-19, leurs outils statistiques ont été fortement mobilisés afin d’éclairer rapidement à la fois les décisions de politique monétaire et le public.

La crise de la COVID-19 est plutôt une crise récente inédite non seulement par son caractère exogène à l’économie mais également parce qu’elle a fortement modifié les relations économiques entre agents. Les prévisions du PIB ont alors étés perturbés  et donc il a été impossible de les calculées avec les méthodes habituelles initiales, telles que les méthodes d’économétriques. En effet, l’impact inédit et brutal du confinement en mars 2020 sur l’activité économique a remis en cause les régularités statistiques.

 

Le recueil et la publication des statistiques monétaires et financières a été également adaptée à la nouvelle situation créée par le Covid-19. Le choc induit par la crise sanitaire et le confinement a conduit la Banque de France à établir un suivi à fréquence plus élevée des principaux postes des comptes financiers des entreprises et des ménages.

 

Résultats:

Une fois les questionnaires collectés, les réponses à la question sur la perte d’activité ont été agrégées au niveau sectoriel en pondérant la réponse de chaque firme par ses effectifs, permettant ainsi de construire un tableau de bord sectoriel.

Il montre à la fois la forte remontée de l’activité entre avril et fin septembre et la persistance d’une forte hétérogénéité entre les secteurs.

S’agissant des ménages, les données sur les dépôts et les crédits ont permis très vite de mettre en évidence la forte hausse de leur épargne bancaire (numéraire + dépôts – crédits). Au niveau de l’ensemble de la France métropolitaine, les dépôts par ménage ont augmenté en moyenne de 3 532 euros (+6,8 %) sur cette même période de mars à août 2020. Cette moyenne recouvre néanmoins des disparités régionales, avec des taux de variation allant de +5,4 % pour le Centre-Val de Loire à +8,9 % pour l’Île-de-France. Il convient aussi de souligner que ces montants moyens par ménage peuvent recouvrir d’importantes disparités au sein de la population de chaque région.

 

Comme dans le cas des entreprises, il serait utile de compléter ce suivi macro-financier de l’épargne des ménages par des analyses en temps réel à un niveau plus microéconomique, afin de mettre en évidence les disparités d’évolutions entre ménages. Le Conseil d’analyse économique vient ainsi de mener une étude à partir de données bancaires individuelles

 

Conclusion:

Dans cet étude, on nous montre d’un part que la situation sanitaire a eu des effets sectoriels très différenciés, du fait de l’interruption de l’activité dans certains secteurs, du passage en télétravail massif et de l’augmentation de la demande pour certains biens comme l’alimentation tandis que la consommation d’autres biens a fortement baissé. D’autre part la situation sanitaire a créé simultanément des chocs d’offre et demande, et modifié les flux de recettes et de dépenses des agents économiques. Leur situation en matière de trésorerie et d’endettement en a été modifiée, parfois fortement. D’un côté, une partie des ménages empêchés de consommer ont accumulé de l’épargne « forcée ». De l’autre, les entreprises ont recouru à l’endettement pour faire face aux risques pesant sur leur trésorerie. Les données collectées par la Banque de France sur les dépôts et les crédits ont donc été de première importance.

Pour répondre à ces questions inédites, les enquêtes et productions statistiques « traditionnelles » se sont finalement révélées les sources les plus utiles et les plus fiables, grâce à la forte réactivité des informateurs et des agents en charge de la collecte et du traitement.

 

Références:

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  • Banque de France, 2020a, Point de conjoncture à fin septembre 2020, 8 octobre.
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