Author(s) : Liqiong Deng, Marshall Scott Poole
Mots clés :
Design d’une page web : Conception de la page web (qui est l’interface utilisateur du site). Le design comprend : l’organisation des pages, l’arborescence, la navigation dans le site en lui-même et enfin l’architecture interactionnelle. Le « Design » d’une page web ne défini donc pas la partie graphique, mais l’interaction avec le site.
Complexité visuelle d’une page web : la complexité d’une page web est caractérisée par le nombre d’éléments (texte, lien, et image) qu’elle contient. Plus il y a d’éléments, plus la complexité est considérée comme élevée.
Ordre dans une page web : Position logique des éléments dans l’espace de la page web. Cet ordre aide à l’identification de certains éléments par les utilisateurs. Généralement, l’ordre dans une page web suit des conventions relatives au web design (exemple : le menu placé à gauche du site).
Réponse émotionnelle : Emotions que va susciter l’utilisation d’un objet ou d’un service chez une personne.
Approche comportementale : Pour une situation donnée, un être humain va l’interpréter par rapport à ses pensées, croyances et représentations, et cela déterminera son humeur et son comportement.
L’objectif de cet article est de montrer que la réponse émotionnelle provoquée par le design des pages web que l’utilisateur visite détermine son appréciation de celles-ci vis-à-vis de son état d’esprit. Pour pouvoir quantifier le design des pages web, deux mesures sont utilisées : la complexité visuelle d’une page web et l’ordre de celle-ci.
La complexité visuelle et l’ordre sont deux notions indissociables l’une de l’autre (Arnheim (1996)).
De nombreuses études ont démontrées que la première impression que se fera un utilisateur d’un site lors de sa première visite influencera très fortement son avis final, ainsi que la façon dont il s’en servira. D’autant plus lorsque l’on sait que le système affectif d’un être humain attribue soit une valence positive, soit une valence négative, mais jamais une valence plus modérée que ces deux extrêmes à son environnement (Norman 2002).
L’étude s’intéresse ici à la réponse émotionnelle d’un individu envers une page web, et porte sur une population composée uniquement d’étudiants, au nombre de 467 à majorité féminine (57,30%), qui est confrontée à différentes versions d’un site web de vente de cadeaux en ligne, et en suivant un scénario qui leur est donné au préalable. 4 niveaux de complexité et 3 niveau d’ordre ont été définis pour ces différentes versions du site web. A ces versions, il faut ajouter deux scénarios différents : un scénario mettant le sujet dans un état méta motivationnel « telic » (c’est-à-dire avec un but précis qu’il faut absolument atteindre) et un autre le mettant dans un état méta motivationnel « paratelic » (c’est-à-dire avec un but qu’il faut atteindre, mais d’une manière bien précise) (Apter 1982). Nous arrivons donc au final à 24 variantes auxquelles les sujets peuvent être exposés, et sont amenés à développer une approche comportementale.
Les résultats obtenus grâce à cette étude ont permis de dégager deux cas principaux :
• Dans le cas où le sujet est confronté à un scénario le mettant dans un état d’esprit « telic », il appréciera une page web avec un niveau modéré de complexité et très ordonnée.
• Dans le cas où le sujet est confronté à un scénario le mettant dans un état d’esprit « paratelic », il appréciera une page web très complexe visuellement, mais moyennement ordonnée.
Ainsi, on peut donc en conclure qu’un site simple et bien organisé, est facile à utiliser et adapté à l’accomplissement d’une tâche précise (Agarwal and VenKatesh 2002 ; Shneidemen 1998), et qu’en revanche un site complexe et peu ordonné est beaucoup plus plaisant à l’utilisation (Berlyne 1971). In fine, la théorie avancée par Bucy (Bucy 2002), avançant que la réponse émotionnelle déterminera le choix d’interface de l’utilisateur, selon qu’il recherche le plaisir d’utilisation ou l’efficience, est validée.
Il aurait cependant pu être intéressant de faire ce test avec des personnes qui ne sont pas familières du tout avec internet (comme des seniors par exemple), au contraire des étudiants qui sont des utilisateurs réguliers, de façon à analyser la réponse émotionnelle de personnes non influencées par leur connaissances ou vécu vis-à-vis du web. Enfin, les éléments sonores auraient pu faire partie de cette analyse, dans la mesure où ces derniers sont de plus en plus présents sur le web.
-Références bibliographiques :
Apter, M. J. 1982. Experience of Motivation: The Theory of
Psychological Reversals, New York: Academic Press.
Arnheim, R. 1966. “Order and Complexity in Landscape Design,”
in Toward a Psychology of Art, R. Arnheim (ed.), Berkeley, CA:
University of California Press, pp. 123-135.
Agarwal, R., and Venkatesh, V. 2002. “Assessing a Firm’s Web
Presence: A Heuristic Evaluation Procedure for the Measurement
of Usability,” Information Systems Research (13:2), pp.
168-187.
Berlyne, D. E. 1971. Aesthetics and Psychobiology, New York:
Appleton-Century-Crofts,.
Norman, D. A. 2002. “Emotion and Design: Attractive Things
Work Better,” Interactions Magazine (9:4), pp. 36-42.
Bucy, E. P. 2000. ‘‘Emotional and Evaluative Consequences of
Inappropriate Leader Displays,’’ Communication Research
(27:2), pp. 194-226.
Source de l’article :
MIS Quarterly Vol. 34 No. 4, Den & Poole, Appendices/December 2010