Les effets du télétravail sur l’engagement et la performance adaptative des salariés : une mise en perspective des théories des comportements organisationnels en situation de déspatialisation

HEIMBURGER, C. (2022). Les effets du télétravail sur l’engagement et la performance adaptative des salariés : une mise en perspective des théories des comportements organisationnels en situation de déspatialisation, Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, XXVIII, 49-70

Mots clés : télétravail, engagement organisationnel, satisfaction, performance adaptative

Synthèse :

Clémence HEIMBUGER s’intéresse à l’engagement des salariés en télétravail et la performance à distance dans un contexte d’activité déspatialisé pour les organisations. Dans ce contexte postpandémie, l’idée est de comprendre les effets du télétravail sur les salariés et leurs comportements organisationnels à travers la satisfaction des besoins fondamentaux liés à l’environnement de travail dans lequel ils évoluent. L’hypothèse retenue dans cet article est que la performance adaptative modère les effets du télétravail sur l’engagement organisationnel à travers la satisfaction des besoins fondamentaux.

 Nous allons dans un premier temps nous intéresser aux notions de télétravail et performance adaptative puis à l’engagement organisationnel ainsi qu’aux ressentis des salariés concernant le télétravail, avec le covid notamment.

Développement :

Tout d’abord, il est important de définir le télétravail. Dans la littérature, selon Largier, 2001, p. 208, le télétravail se définit comme suit « une situation dans laquelle un individu ou un groupe de personnes, effectue une activité́ à distance du lieu considéré́ comme normal dans le cadre de l’exécution de sa mission, tout en utilisant les TIC pour créer ou maintenir le contact avec les membres de l’entreprise ».

L’auteur met en lumière une nouvelle notion qui va avec le télétravail, la notion de performance adaptative. En effet, selon Pinsonneault et Boisvert (2001), celle-ci est définit comme la capacité des personnes à changer leurs comportements pour s’adapter à un environnement donné.

Les études évoquées dans l’article sont intéressantes car celles-ci montrent un lien positif concernant les effets du télétravail sur l’engagement organisationnel. Elles mettent en avant « moins de stress lié au temps de transport, moins de perte de temps, meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle, flexibilité dans la gestion de ses journées ».(Golden et Veiga, 2005 ; Golden, 2006a ; Golden, 2006b)

L’article met en avant que la flexibilité permise par le télétravail et appréciée par les salariés permet de faire face à des imprévus familiaux (Taskin, 2003; Mello, 2007; Gajendran & Harrison, 2007).

Il est évoqué que le télétravail semble favoriser l’autonomie des salariés et celui-ci est un critère pour la mise en place du télétravail. Il faut maîtriser son poste et avoir une bonne relation avec son supérieur. (Hehn et al., 2020)

La littérature relève un fait intéressant pour la problématique. En effet, selon les auteurs Aguilera et al., 2016 et Largier, 2001, « Le télétravail est considéré́ comme un avantage et un signe de reconnaissance. »

En effet, durant le confinement, les télétravailleurs ont ressenti un privilège par rapport aux salariés qui devaient aller sur leur lieu de travail ou interrompre leur activité. C’est 69% d’entre eux qui penchent avoir un niveau de vie confortable face à 43%, en moyenne, des salariés de l’échantillon total de l’enquête Capuni crise (Collas et al., 2020).

Cet article est pertinent car il évoque l’influence du covid sur les télétravailleurs. En effet, l’auteur souligne le Covid a accentué la satisfaction d’une partie des salariés car « 40% des télétravailleurs confinés souhaitent continuer à faire du télétravail régulièrement (plusieurs fois par mois), ce qui est supérieur au pourcentage de télétravailleurs familiers de cette pratique avant mars 2020. ».

L’auteur met en avant un fait intéressant car il évoque les catégories socioprofessionnelles. En effet, « 55% des cadres et professions intellectuelles supérieures souhaitent poursuivre en télétravail plusieurs fois par mois, contre 35% chez les non-cadres. » d’après l’auteure. On peut se dire, face à ces chiffres, que l’intérêt pour le télétravail dépend donc de la catégorie socio-professionnelle.

Dans un article concernant Les incidences du télétravail sur les travailleurs dans les domaines professionnel, familial et social, Vayre (2019) résume les points positifs et négatifs qui figurent dans la littérature. Il constate que le télétravail favorise « le sentiment de contrôle du travail (temps, tâche, organisation), d’autonomie et de flexibilité́, la motivation au travail, l’implication organisationnelle, la satisfaction professionnelle et la performance ».

L’auteur met en avant que le télétravail réduit l’impact des exigences professionnelles élevées, le stress et la surcharge de rôle.

Conclusion :

Cet article apporte une base intéressante dans le cadre de la problématique. En effet, il nous apporte les notions de base sur le télétravail mais également une nouvelle notion, la notion de performance adaptative. Il évoque également divers avantages permis par le télétravail et évoque notamment le télétravail durant le covid, ce qui est intéressant pour notre problématique.

A travers des chiffres, l’auteure met en avant une différence dans l’intérêt pour le télétravail entre les catégories socio-professionnelles, ce qui peut nous amener à une hypothèse.

 Références bibliographiques

Largier, A. (2001). Le télétravail. Reseaux, 106(2), 201-229.

Pinsonneault, A., & Boisvert, M. (2001). The Impacts of Telecommuting on Organizations and Individuals: a review of the literature. In N. Johnson (Eds), telecommuting and virtual offices: Issues and opportunities (pp. 163-185). Idea Group Publishing. https://doi.org/10.4018/978- 1-878289-79-7.ch010

Golden, T. D. (2006a). Avoiding depletion in virtual work: Telework and the intervening im- pact of work exhaustion on commitment and turnover intentions. Journal of vocational Be- havior, 69(1), 176–187.

Golden, T. D. (2006b). The role of relationships in understanding telecommuter satisfaction. Journal of Organizational Behavior, 27(3), 319–340.

Taskin, L. (2003). Les Enjeux du télétravail pour l’organisation. Reflets et perspectives de la vie économique, xLII(1), 81-94.

Mello, J. A. (2007). Managing Telework Programs Effectively. Employee Responsibilities and Rights Journal, 19(4), 247-261. https://doi.org/10.1007/s10672-007-9051-1

Hehn, T., Leonard, M., & Thaon, I. (2020). Description de l’organisation, des motivations et des conséquences du télétravail pour les salariés dans trois grandes entreprises de Lorraine : Approche qualitative. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement, 82(1), 19-27. https://doi.org/10.1016/j.admp.2020.05.005

Aguilera, A., Lethiais, V., Rallet, A., & Proulhac, L. (2016). Le télétravail, un objet sans désir ? Revue d’économie régionales urbaine, (1-2), 245-266.

Collas, F., Guérillot, G., Trébaol, S., Coulanges, N., Lalancette, S., & Pénard, T. (2021). Travail et numérique pendant le confinement du printemps 2020. https://www.marsouin.org/ IMG/pdf/capuni_crise_le_teletravail_au_temps_du_covid_nat-vf.pdf

Vayre, E. (2019). Les incidences du télétravail sur le travailleur dans les domaines professionnel, familial et social. Le travail humain, 82(1), 1-39.