Impact de la Covid-19 sur la Commercialisation de la Viande de Brousse : Perception des Commerçants de Brazzaville (Congo)

Gilles Freddy B., Phons Louis M., Roger Albert M., Noël Staley M., Harley Bittson B., Ségolène S., Carnolin T. (2020), Impact de la Covid-19 sur la Commercialisation de la Viande de Brousse : Perception des Commerçants de Brazzaville (Congo), International Journal of Progressive Sciences and Technologies, (Vol. 23, N°1), pages 53 à 62 http://ijpsat.es/index.php/ijpsat/article/view/2176/1279

 

Mots clés : Incidence, Covid-19, Confinement, Commerce, Viande de brousse, Congo

 

Cette étude consiste à identifier les impacts de la Covid-19 sur la commercialisation de la viande de brousse pendant la période de confinement. Une enquête quantitative et qualitative a été réalisée en 2020 à Brazzaville auprès de 140 vendeurs.
 Cette étude révèle que tous les acteurs impliqués dans ce commerce évoluent dans le secteur informel et sont dépourvus de sécurité sociale. Les mesures de ripostes à la pandémie de coronavirus ont eu des incidences négatives sur le commerce de la viande de brousse. Elles perturbent l’approvisionnement et rendent difficile la disponibilité du produit sur les marchés urbains. Elles entrainent aussi la baisse d’activité des acteurs, ce qui contraint certains au chômage.
Ces mesures ont aussi une incidence sur le stress des commerçants et de leur conjoint qui doivent malgré la baisse des revenus faire face aux multiples charges familiales. Dans ce contexte, les ménages des commerçants enquêtés sont non seulement exposés à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, mais aussi à la fragilité de leur système immunitaire, notamment la résilience de l’organisme aux maladies.

 

Développement:

Dans une enquête menée à l’échelle nationale fin 2009 dans les 2596 communes suisses, les chercheurs ont demandé aux secrétaires municipaux quelles mesures avaient été prises face aux pertes fiscales attendues et à la hausse possible des dépenses sociales suite à la crise de 2008. Des mesures keynésiennes ont-elles été prises, en augmentant les dépenses et en acceptant des déficits plus importants, ou y a-t-il eu tentative de limiter les déficits par des mesures d’austérité, notamment en restreignant les investissements prévus ?

Après avoir proposé, dans un premier de parler de la méthodologie, on parlera dans un second temps, des résultats, et pour finir, on abordera les discussions.

Les forêts du Bassin du Congo représentent l’une des deux dernières régions au monde possédant de vastes étendues interconnectées de forêts tropicales humides avec une superficie de plus de 400 millions d’hectares. Elles abritent aussi une grande diversité de plantes et d’animaux et où ont y trouve la viande de brousse. Longtemps considérée comme véritable source de protéines animales, la viande de brousse est aussi un moyen de subsistance nutritionnelle pour les populations d’Afrique Centrale sa consommation peut être estimée de 1 à 5 millions de tonnes et le taux d’exploitation annuelle varie entre 23 à 897 Kg/Km2 /an.

La pandémie à Covid-19 qui secoue le monde actuel et qui a fait sa première apparition en novembre 2019 en Chine dans la Province de Hubei dans la ville Wuhan, ce qui pourrait avoir un impact sur la filière viande de Brousse.

La propagation de la pandémie de coronavirus a conduit la communauté internationale à la prise des mesures inégales, parmi lesquelles la fermeture des frontières, et des activités commerciales, le confinement de la population.

L’étude a été réalisée entre juin et août 2020 dans les marchés domaniaux de la ville de Brazzaville, en République du Congo. Brazzaville est le principal bassin de consommation du Congo. La collecte des données primaires a concerné les vendeurs de viande de brousse de 33 marchés domaniaux répartis sur l’ensemble des neuf
arrondissements que compte la ville de Brazzaville. Tous les vendeurs de viande de brousse présents dans les marchés retenus et disponibles à participer à l’enquête étaient systématiquement interviewer. Ainsi, la taille de l’échantillon était de 140 vendeurs.

 

Résultats:

Les résultats obtenus ont montré une forte implication des femmes, tandis que les jeunes étaient faiblement représentés dans la commercialisation de la viande de brousse qui est une viande sauvage.

Le confinement, la fermeture des marchés et des frontières interdépartementales ont affecté les revenus des commerçants, ce qui a renforcé leur vulnérabilité;

L’enquête a montré que 85 % des acteurs enquêtés affirment avoir été davantage stressé pendant la période du confinement. En effet, la baisse de l’activité commerciale et le désespoir suscités par la pandémie à Covid-19 et son corollaire ont donc entrainé un stress permanent parmi ces acteurs du secteur informel qui doivent malgré tout continuer à faire face au minimum des charges familiales et sociales

 

Conclusion:

Les mesures de riposte à la pandémie à Covid-19, en particulier le confinement et la fermeture des marchés ont un impact négatif sur le commerce de la viande de brousse dans les marchés domaniaux de Brazzaville.

L’ensemble des acteurs impliqués dans ce commerce évolue dans le secteur informel, sans sécurité sociale et reste vulnérable à la pandémie de coronavirus. La médiatisation faite sur les espèces hôtes de l’actuel coronavirus a eu un impact négatif sur la filière viande de brousse à Brazzaville.

Le confinement, la fermeture des marchés et des frontières interdépartementales ont davantage fragilisé cette filière, rendant l’approvisionnement en viande de brousse difficile, entraînant la baisse de revenus des commerçants, le chômage et/ou la reconversion vers le commerce d’autres denrées alimentaires, etc.

De plus, la Covid-19 a exposé de nombreux ménages impliqués dans cette filière à une situation d’insécurité alimentaire en réduisant le nombre de repas ou sa qualité.

 

Références:

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Gérer les crises — Comment les gouvernements locaux ont-ils réagi à la crise financière de 2008 et comment expliquer les différences ? Le cas des communes suisses

Andreas LadnerNils Soguel (2015), Gérer les crises — Comment les gouvernements locaux ont-ils réagi à la crise financière de 2008 et comment expliquer les différences ? Le cas des communes suisses, Revue Internationale des Sciences Administratives, (Vol. 81), pages 797 à 818 https://doi.org/10.3917/risa.814.0797

 

Mots clés : Finances publiques, Budgétisation, Gestion publique, Pouvoirs régional et local

 

Les communes suisses sont largement souveraines pour financer leurs activités. Leurs ressources proviennent avant tout de l’impôt sur le revenu et de l’impôt foncier prélevés auprès des ménages et des entreprises. Une crise, comme celle de 2008, qui touche la sphère financière et l’économie en général risque d’avoir des répercussions directes sur les budgets locaux.

Dans le présent article, les chercheurs examinent la manière dont les communes perçoivent ce risque et y réagissent.

 

Développement:

Dans une enquête menée à l’échelle nationale fin 2009 dans les 2596 communes suisses, les chercheurs ont demandé aux secrétaires municipaux quelles mesures avaient été prises face aux pertes fiscales attendues et à la hausse possible des dépenses sociales suite à la crise de 2008. Des mesures keynésiennes ont-elles été prises, en augmentant les dépenses et en acceptant des déficits plus importants, ou y a-t-il eu tentative de limiter les déficits par des mesures d’austérité, notamment en restreignant les investissements prévus ?

Après avoir proposé, dans un premier de parler du cadre conceptuel, on parlera dans un second temps, des questions de recherches, hypothèses et méthodologie, ensuite, on abordera les principales caractéristiques des communes suisses, les communes affectées par la crise, comment elles réagissent et pour finir, on aborde les mesures prises et l’explication des hypothèses et résultats.

Peu après le début de la crise financière et économique il devenait évident que qu’il y aurait des conséquences considérables sur les pouvoirs locaux à travers la planète. Cet article vise à combler cette lacune en analysant comment les communes, en particulier les plus petites, perçoivent l’impact de la crise et, cas échéant, y réagissent. Dans le cas où ces communes prennent des mesures, l’objectif est d’en identifier l’orientation : volonté d’équilibrer le budget ou, au contraire, déclenchement d’un déficit budgétaire pour contribuer à soutenir l’économie.

En ce qui concerne l’étude : Les données empiriques proviennent d’une des enquêtes que nous menons régulièrement à l’échelle nationale auprès de l’ensemble des communes suisses. L’enquête en question a été réalisée vers la fin 2009. Le questionnaire comprenait un ensemble de questions sur l’impact de la crise et les mesures prises au niveau local.

Les crises financières peuvent affecter les communes de diverses manières. Les conséquences peuvent être directes et immédiates, tant du côté des recettes communales que du côté des dépenses.

Du point de vue conceptuel, les pouvoirs publics, qu’ils soient centralisés ou décentralisés, peuvent réagir de manière passive ou active à l’évolution de la situation économique. Ils réagissent de manière passive lorsque, par exemple, ils acceptent une réduction de leurs recettes fiscales à la suite d’un ralentissement conjoncturel.

Pour l’économie nationale, les villes -et le secteur public qui y est rattaché- sont des nœuds stratégiques. Or, elles sont très exposées aux effets des crises, à savoir au chômage et aux problèmes sociaux.

Question de recherche: 

  1. Q1: Dans quelle mesure la taille de la commune influence-t-elle l’impact attendu d’une crise comme la crise financière de 2008 sur la performance financière ?
  2. Q2: Est-ce que les communes réagissent de manière passive ou active à la situation qu’elles perçoivent? Est-ce qu’elles se lancent dans des mesures anticycliques ou procycliques?
  3. Q3: Est-ce que les mesures prises (qu’elles soient procycliques ou anticycliques) étaient vraiment liées à l’ampleur perçue de la crise dans la commune ou relèvent-elles plutôt d’un comportement habituel?

Hypothèses:

  1. H1 q1: L’hypothèse qui accompagne cette première question est que les communes plus petites sont moins enclines à considérer la crise financière comme une menace pour leur situation budgétaire, étant donné qu’elles dépendent dans une moindre mesure des secteurs économiques directement touchés par la crise.
  2. H1 q2: L’hypothèse qui accompagne cette deuxième question est que plus la commune est petite, moins elle est encline à se comporter de manière anticyclique : les programmes visant à soutenir l’économie présentent peut-être de l’intérêt dans les collectivités plus grandes, mais dans les petites communes leur utilité est moindre en raison des effets de débordement.

Les communes suisses offrent un excellent champ empirique pour traiter des questions de recherche évoquées précédemment. Elles disposent d’une large autonomie politique, financière et budgétaire, à quoi s’ajoute une variabilité suffisante en termes de taille et de préférences culturelles ou politiques pour permettant de tester les hypothèses émis par les chercheurs.

Lorsque l’on compare l’impact perçu de la crise au niveau local avec les informations apportées par la question de savoir si des mesures ont été prises selon les différentes régions linguistiques, on observe une tendance légèrement différente. Quelle que soit la région, ce sont de toute évidence les communes fortement touchées qui ont réagi plus souvent. Lorsque l’on compare les communes francophones à celles des deux autres régions linguistiques, on constate qu’une part plus grande de communes se disant faiblement touchées ont également pris des mesures pour contrer la crise.

Nombreuses sont les mesures qu’une commune peut prendre en réaction à la crise:

  • tenter de conserver un équilibre budgétaire quitte à couper ou à différer les dépenses et les investissements déjà prévus
  • soutenir l’activité et le commerce local au moyen d’investissements et souscrire des emprunts, quitte à enregistrer un déficit à court terme

 

Résultats:

D’après une enquête, les communes suisses n’ont, dans leur ensemble, pas été trop fortement touchées par la crise — c’est du moins la perception des secrétaires communaux nous ayant répondu. En effet, 7% des communes ont déclaré être « durement » touchées.

Les résultats indiquent que quelques communes seulement (essentiellement les plus grandes) s’attendaient à être durement touchées par la crise. Cependant, ils n’observent pas de tendance systématique et conforme à la théorie.

 

Conclusion:

L’impact perçu de la crise au niveau local et l’appartenance de la commune à la partie francophone du pays sont les principaux facteurs expliquant la réaction des communes et les raisons de cette réaction. La taille de la commune joue aussi un rôle.

Comment réagir à une crise financière ? Voilà une question à laquelle il est difficile de répondre, tant d’un point de vue scientifique que d’un point de vue pratique lorsqu’il s’agit de procéder à un arbitrage entre les diverses options possibles. La présente contribution montre que les débats théoriques entre les mesures de soutien à l’économie au prix de déficits publics d’un côté et des mesures d’austérité budgétaire de l’autre ne correspondent guère à la réalité, du moins au niveau local.

 

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The impact of COVID‐19 on food retail and food service in Canada: Preliminary assessment

Ellen Goddard (2020), The impact of COVID‐19 on food retail and food service in Canada: Preliminary assessment, Canadian Journal of Agricultural Economics https://doi.org/10.1111/cjag.12243

 

Mots clés : Impact, COVID-19 pandemic, Food retail, Food service, Canada

 

Le COVID ‐ 19 a imposé une série de défis uniques aux secteurs de la vente au détail et des services alimentaires au Canada. Presque du jour au lendemain, les quelque 30% du dollar alimentaire que les Canadiens dépensent pour les aliments hors de chez eux sont passés au commerce de détail.

 

Développement:

Les impacts de l’éclosion du COVID-19 sur le secteur de la vente au détail de produits alimentaires au Canada sont importants et, dans une large mesure, inattendus. Les impacts se répartissent en deux grandes catégories, la première étant les impacts réels de la santé publique sur les individus, sur les employés de la vente au détail et de la restauration, et sur les individus tout au long de la chaîne d’approvisionnement, et la seconde étant le changement radical dans quoi et où les gens veulent acheter leur nourriture. Bien que les impacts du COVID-19 soient immédiats sur les industries de la vente au détail et des services alimentaires, il existe une projection remarquablement incertaine pour l’avenir dans un monde où le virus SRAS-CoV-2 est gérable et où nous retournons à la «normale ” la vie. Il est peu probable que la nouvelle «normale» soit la même pour le niveau de la vente au détail / de la restauration des marchés alimentaires que la vie était en janvier 2020.

Après avoir proposé, dans un premier de parler du contexte, dans un second temps, on évoquera les impacts causés par la pandémie de COVID-19, et pour finir, la question suivante se pose : Qu’arrivera-t-il aux dépenses alimentaires lorsque l’économie se rétablira?

Au Canada, en 20 ans soit de 1997 à 2017, les dépenses dans la nourriture extérieur (commandes, restaurants…) sont passées de 20 à 30%. En effet, les revenus générés par différentes catégories industrielles de commerce de détail et de restauration illustrent bien l’augmentation significative des revenus des services de restauration et des débits de boissons, et à l’inverse, les magasins d’alimentation et de boissons et les magasins d’alcools demeurent relativement stables au cours entre 2004 et 2020. Il faut savoir que les secteurs de la vente au détail et des services alimentaires sont tous deux importants en termes d’emploi au Canada.

Suite à l’apparition du virus, les changements au Canada ont été ressentis dans le système de vente et de restauration:

  1. Les lieux de restauration et de boisson ont été fermés à l’exception des options de plats à emporter ou de livraison.
  2. Il y a eu une augmentation de la demande d’épicerie en ligne qui a provoqué des difficultés pour l’infrastructure existante (en témoigne les sites Web qui se sont écrasés ou fonctionnaient extrêmement lentement et par de longs délais de livraison entre 1 et 2 jours et 10 jours ou plus).

La fermeture des restaurants à table a transféré les achats de nourriture aux épiceries. Cela a considérablement modifié le volume et les types d’aliments achetés dans les épiceries sans que les magasins aient le temps d’ajuster leurs chaînes d’approvisionnement.

Il est difficile de prédire exactement ce qui pourrait arriver dans les secteurs de la restauration et de la vente au détail de produits alimentaires alors que le Canada se remet des effets économiques et sur la santé publique de cette éclosion de COVID-19.

Les élasticités-revenus de la demande pour les achats de produits alimentaires hors du domicile sont considérées comme plus élastiques que les élasticités similaires pour les achats de produits alimentaires à domicile. Il y a donc eu un réel impact potentiel de l’épidémie de COVID-19 sur les dépenses alimentaires potentielles.

 

Résultats:

En 2018 un chercheur a signalé qu’en avril 2018, 28% des 1000 répondants canadiens avaient fait leurs courses en ligne (avec 6% régulièrement). Ces chiffres étaient en hausse par rapport à 15% des répondants au sondage 18 mois plus tôt. En 2018, Statistique Canada a signalé une augmentation des services de restauration et des débits de boissons qui déclarent des ventes en ligne de 7,3% des entreprises en 2016 à 22,9%.

Les résultats mettent en évidence le glissement entre la nourriture hors de la maison et la nourriture à la maison (même en l’absence de fermetures de restaurants) résultant des élasticités-revenus signées de manière opposée.

 

Conclusion:

Les secteurs de la vente au détail et des services alimentaires sont tous deux importants sur le plan économique au Canada. Avant la crise du COVID-19, le secteur de la vente au détail alimentaire évoluait vers des ventes plus élevées dans les supermarchés et les dépanneurs, et le secteur des services alimentaires a considérablement augmenté, prenant des parts de marché alimentaires loin de la vente au détail alimentaire. Les mesures prises dans le cadre des états d’urgence imposés pour faire face à la pandémie au Canada ont changé la réalité de l’achat d’aliments et la confiance des gens dans la capacité du système de vente au détail d’aliments à maintenir une disponibilité constante des aliments et des produits d’épicerie. Certaines réactions du public, telles que l’augmentation des achats en ligne avec livraison d’épicerie, se maintiendront probablement après la fin des restrictions de la pandémie.

 

Références:

 

Effects of COVID-19 on hotel marketing and management: a perspective article

Yangyang Jiang, Jun Wen (2020), Effects of COVID-19 on hotel marketing and management: a perspective article, International Journal of Contemporary Hospitality Management, (Vol. 32, N°8), pages 2563 à 2573 https://doi.org/10.1108/IJCHM-03-2020-0237

 

Mots clés : Artificial intelligence and robotics, Hygiene and cleanliness, Health and health care, Hotel management, COVID-19 pandemic

 

Cet article vise à discuter des effets du COVID-19 sur les pratiques de marketing et de gestion hôtelières et décrit un programme de recherche à trois volets pour stimuler le développement des connaissances dans le secteur hôtelier. Il est basé est basé sur un aperçu de la littérature pertinente sur le marketing et la gestion des hôtels et le comportement des clients de l’hôtel. Les auteurs ont également étudié les tendances des services d’accueil pour proposer un programme de recherche.

 

Développement:

Cet article semble être une étude exploratoire, examinant de manière critique les effets possibles de la pandémie de COVID-19 sur les pratiques de marketing et de gestion des hôtels et la façon dont les hôteliers peuvent répondre à ces défis pour se remettre de cette pandémie.

Après avoir proposé, dans un premier de parler de l’intelligence artificielle et robotique,  on parlera dans un second temps, l’hygiène et la propreté, et pour finir, on aborde la santé et les soins qui y sont rattachés.

À la suite de la pandémie de COVID-19, il y a beaucoup de place pour les chercheurs d’améliorer la compréhension de l’IA et de la robotique basée sur l’IA. On peut donc s’attendre à ce que l’épidémie de COVID-19 accélère la pénétration de la technologie de l’IA et de la robotique dans l’industrie hôtelière pour par exemple utiliser des robots afin fournir un service entièrement sans contact, réceptionnistes robotiques, effectuer les enregistrements par scan du visage, etc. Cela permettrait de mieux servir et ravir les clients de manière innovante et tout en respectant les règles sanitaires lié à la pandémie.

Le présent article recommande aux chercheurs d’étudier comment l’IA mécanique peut être utilisée dans les hôtels pour transformer les services humains routiniers et répétitifs en services sans contact en première ligne. Dans le contexte du COVID-19 et des crises sanitaires similaires, l’IA mécanique peut être adoptée dans les hôtels pour effectuer des tâches de nettoyage et d’assainissement ou pour aider le personnel de l’hôtel. Par exemple, les robots peuvent surveiller la propreté des zones à fort trafic, telles que la quantité de saleté ou de débris dans les couloirs et les ascenseurs, pour alerter le personnel de nettoyage des endroits nécessitant une attention particulière.

Attention, cela ne serrait pas sans conséquences. En effet, alors que l’IA remplace de plus en plus la main-d’œuvre humaine, davantage d’employés risquent de perdre leur emploi et les clients peuvent avoir des expériences différentes lorsqu’ils sont servis par des robots basés sur l’IA plutôt que par des employés des services humains.

Depuis la pandémie de la COVID-19, importance de la propreté et de l’hygiène des hôtels est devenue particulièrement importante ces derniers temps car le COVID-19 peut se propager en touchant des surfaces contaminées par le virus. Dans cet article, on pense alors que les voyageurs fréquenteront probablement les hôtels qui offrent des services d’hébergement et des produits d’hébergement rassurants en termes d’hygiène et de propreté. Les restaurants des hôtels et les autres services devraient alors souligner leur engagement à l’égard des protocoles de sécurité et d’hygiène et des normes d’entretien ménager élevées.

Au milieu de la pandémie COVID-19, de nombreuses personnes ont commencé à reconsidérer leur mode de vie et se concentrer sur le bien-être physique et mental. Compte tenu de ce nouveau besoin des consommateurs, aider les clients à adopter un mode de vie sain pourrait devenir une tendance post-pandémique pour les hôtels. Par exemple, les programmes de méditation, les programmes de désintoxication numérique, les programmes de remise en forme, les programmes d’alimentation saine et les programmes d’hygiène du sommeil sont susceptibles de devenir plus populaires dans le mix marketing des hôtels.

En raison de la crise sanitaire mondiale causée par le COVID-19, les voyageurs sont désormais susceptibles d’accorder plus d’attention à la disponibilité et à la qualité des installations médicales lorsqu’ils prennent des décisions de voyage. Ce besoin de consommation est particulièrement pertinent pour les propriétés hôtelières des villes portes d’entrée, en particulier celles qui reçoivent fréquemment des congrès.

 

Résultats:

Cet article présente un programme de recherche à trois dimensions: l’intelligence artificielle (IA) et la robotique, l’hygiène et la propreté et la santé et les soins de santé. Premièrement, différents types d’IA (mécanique, pensée et sentimentale) pourraient ouvrir des flux de recherche distincts à l’intersection des crises sanitaires et de la gestion hôtelière, à la lumière de la pandémie COVID-19. 

 

Conclusion:

La panique mondiale associée au COVID-19 peut avoir des conséquences durables sur les voyages. Des stratégies efficaces sont nécessaires pour renforcer la confiance des voyageurs et aider les entreprises à se redresser rapidement après cette crise de santé publique.
Le programme de recherche proposé dans cet article n’est pas exhaustif mais indique de nombreuses façons dont le COVID-19 devrait affecter l’industrie hôtelière, y compris l’IA et la robotique, l’hygiène et la propreté et la santé et les soins de santé.
L’épidémie de COVID-19 a perturbé le fonctionnement et même la survie des hôtels du monde entier. Il est temps que les universitaires et les praticiens examinent attentivement les impacts de cette crise et cherchent à améliorer les pratiques de l’industrie.

 

Ouverture:

Cet article recommande aux chercheurs d’aller au-delà des perspectives habituelles sur les antécédents et les résultats de l’hygiène et de la propreté des hôtels pour se plonger dans les perceptions des clients de la propreté de certaines surfaces d’hôtel. De plus, une analyse plus approfondie s’impose sur l’évolution des relations entre les hôtels et le secteur de la santé.

 

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Évaluation au 26 juin 2020 de l’impact économique de la pandémie de la Covid-19 et des mesures du confinement et du déconfinement en France

Magali DauvinBruno DucoudréÉric HeyerPierre MadecMathieu PlaneRaul SampognaroXavier Timbeau (2020), Évaluation au 26 juin 2020 de l’impact économique de la pandémie de la Covid-19 et des mesures du confinement et du déconfinement en France, Revue de l’OFCE, (166), pages 111 à 160 https://doi.org/10.3917/reof.166.0111

 

Mots clés : Crise danitaire, Mesures de confinement, COVID-19, Prévision macroéconomiques France

 

Dans cet article, les chercheurs analysent les effets de la pandémie de la Covid-19 et des mesures prophylactiques engagées sur l’activité économique, l’emploi et les revenus des agents économiques durant la période allant du 17 mars 2020 au 5 juillet 2020.

En effet, les deux mois de confinement ont conduit à une contraction du produit intérieur brut (PIB) de 32 % et pendant la période de déconfinement progressif du 11 mai au 5 juillet 2020, l’activité se serait réduite de -11 points de PIB par rapport à la situation prévalant avant la crise, signifiant un retour partiel à l’activité « normale ».

 

Développement:

La pandémie de la Covid-19 et les mesures prophylactiques engagées ont déclenché une perte d’activité jamais observée en temps de paix. En effet, le confinement daté du 17 mars 2020 au 10 mai 2020, a conduit à une contraction du produit intérieur brut (PIB) de 32 %. Au cours de ce confinement, la perte de PIB représente 165 milliards d’euros. En effet, les ménages et les entrepreneurs individuels encaissent une perte de revenu de 14 milliards, soit près de 10 % du total. Les entreprises doivent donc absorber un tiers de la perte de revenu, plus de 50 milliards d’euros.

Après avoir proposé, dans un premier de parler du déconfinement progressif, dans un second temps, et on parlera des comptes des agents institutionnels, puis on évoque la notion de l’épargne forcée, avant de finir avec une reprise du travail sans création d’emploi.

La France est un des pays ayant mis en œuvre les mesures de confinement et de distanciation physique les plus strictes en Europe. Suite au déconfinement progressif, à partir du 11 mai 2020, les fermetures des commerces non essentiels ont été progressivement levées, même si certains secteurs restent contraints.

Il existe peu de données disponibles sur le comportement des Français depuis le début du déconfinement. Néanmoins, les données de mobilité suggèrent un retour à la normale des comportements.

Une tendance à la reprise de l’activité est visible depuis le 11 mai même si celle-ci est inégale selon les secteurs. Des modifications importantes de la demande des ménages subsistent et des contraintes pèsent toujours sur l’appareil productif. Ces chocs, qui affectent sévèrement l’activité dans certains secteurs, se diffusent à l’ensemble du tissu productif à travers la demande en consommations intermédiaires que les branches adressent au reste de l’économie. Pendant la période de déconfinement, la dynamique de la demande finale par produit dépend simultanément de la levée progressive des mesures de distanciation sociale et de la normalisation du comportement des ménages.

Au cours de la période du 11 mai au 1er juin, la consommation alimentaire resterait élevée – comme ceci a déjà été observé pendant le confinement – expliquant une demande forte dans l’agriculture (AZ) et les industries alimentaires.

A contrario, la consommation en hébergement-restauration (IZ) resterait à un niveau historiquement bas et la normalisation de la consommation automobile (C4) n’a pas eu lieu au mois de mai, comme le suggèrent les premières données des immatriculations de véhicules neufs.

 

Suite à ce graphique on voit seulement 4 branches seraient contraintes par l’offre pendant la période de déconfinement allant jusqu’au 5 juillet : l’agriculture (AZ), les industries agro-alimentaires (C1), les activités immobilières (LZ) et la branche des administrations publiques (OQ).

La question de l’utilisation de cette épargne accumulée est centrale pour élaborer un scénario de reprise à court et moyen terme. Si l’anticipation du comportement des ménages est complexe, d’autant plus dans le contexte actuel, l’enquête Budget des Familles de l’Insee nous renseigne sur l’utilisation que déclarent faire les ménages d’un revenu exceptionnel. En moyenne, 20 % des ménages tendent à répondre qu’ils épargneraient leur revenu supplémentaire avec une propension à épargner légèrement plus importante pour les ménages les plus aisés. De même, 20 % des ménages en moyenne déclarent souhaiter dépenser davantage dans les loisirs ou les vacances.

 

Résultats:

Selon les estimations des chercheurs, la consommation des ménages entre le 17 mars et le 11 mai aurait baissé de 65 milliards. Ils estimons ainsi qu’entre le 11 mai et le 5 juillet 2020, l’épargne des ménages a crû de 20 milliards d’euros sous l’effet, d’une part, d’une consommation empêchée qui devrait se chiffrer à 24 milliards d’euros et, d’autre part, d’une poursuite de la baisse du revenu disponible des ménages à hauteur de 4 milliards d’euros. C’est à partir des données des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux et Budget des familles de l’Insee qu’ils proposent une estimation à la fois des baisses de revenus enregistrées par les ménages mais aussi de la consommation empêchée pour les ménages et ce par décile de niveaux de vie.

Malgré l’accroissement des dépenses d’alimentation ainsi que certaines dépenses liées à l’habitation (chauffage, produits d’entretiens, …), nous estimons qu’en moyenne l’ensemble des déciles de niveau de vie devraient voir leurs dépenses de consommation se réduire au cours des seize semaines étudiées. Au sein de ces déciles, ces évolutions peuvent être très hétérogènes selon la composition familiale, le statut d’occupation du logement ou le fait que les salariés du ménage aient continué ou non à travailler durant les seize semaines étudiées. Néanmoins, en moyenne, même en bas de la distribution des niveaux de vie, les économies réalisées en termes de transport ou d’hébergement-restauration devraient plus que compenser l’accroissement de certaines dépenses contraintes, notamment celles liées à l’alimentation.

 

Conclusion:

L’impact de la crise sanitaire serait massif sur la croissance annuelle de l’activité économique française en 2020 : au cours de ces seize semaines, la perte de PIB représente 165 milliards d’euros et pèserait de 6,6 points sur la croissance du PIB de l’année 2020.

Les pertes de revenu des ménages sont plus que compensées par la diminution de la consommation, engendrant une épargne « forcée » atteignant 75 milliards d’euros sur les seize semaines. Cette épargne est concentrée au sein des ménages les plus riches. Le dispositif d’activité partielle quant à lui permet d’indemniser les entreprises effectivement touchées par les conséquences de la pandémie, tout en limitant les destructions d’emplois et la perte de revenu des salariés.

Les motifs principaux de recours à l’activité partielle évoluent : baisse d’activité pendant le confinement, gardes d’enfant et vulnérabilité au virus pendant les premières phases du déconfinement. Si le recours au dispositif « vulnérable » reste limité, il pourrait être un facteur plus déterminant au cours des prochains mois dans le cas d’un éventuel rebond de la pandémie.

 

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  • Département analyse et prévision de l’OFCE, sous la direction d’Éric Heyer et de Xavier Timbeau, 2020, « Évaluation de l’impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement sur l’économie mondiale en avril 2020 », OFCE Policy brief, n° 69, 5 juin.
  • Dubois E., 2006, « Étalonnages à l’aide d’enquêtes de conjoncture : de nouveaux résultats », Économie & prévision, n° 172, janvier.
  • Bruno Ducoudré et Pierre Madec, 2020, « Évaluation au 6 mai 2020 de l’impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement sur le marché du travail en France », OFCE Policy brief, n° 67, 6 mai.
  • Mattia Guerini, Lionel Nesta, Xavier Ragot, Stefano Schiavo, 2020, « Dynamique des défaillances d’entreprises en France et crise de la Covid-19 », OFCE Policy brief, n° 73, 19 juin.
  • Giupponi, G. et C. Landais, 2018, « Subsidizing labor hoarding in recessions: The employment and welfare effects of short-time work », CEPR Discussion Paper, n° 13310.
  • Giulia Giupponi et Camille Landais, 2020, « Building effective short-time work schemes for the COVID-19 crisis », VOX, 1er avril.
  • Hijzen A. et D. Venn, 2011, « The Role of Short-Time Work Schemes during the 2008-09 Recession », OECD Social, Employment and Migration Working Papers, n° 115, OECD Publishing.
  • Insee, 2014, « Qui épargne ? Qui désépargne ? », Insee Référence, juillet 2014.
  • Insee, 2020, « Les données ‘haute fréquence’ sont surtout utiles à la prévision économique en période de crise brutale », Point de conjoncture du 17 juin.
  • Florence Jusot, Pierre Madec, Jean-Philippe Bertocchio, Bruno Ducoudré, Mathieu Plane, Raul Sampognaro, Xavier Timbeau, Bruno Ventelou, Jérôme Wittwer, 2020, « Les « vulnérables » à la COVID-19 : essai de quantification », OFCE Policy brief, n° 74, 26 juin.
  • Kopp D. et M. Siegenthaler, 2019, « Short-time work and unemployment in and after the Great Recession », KOF Swiss Economic Institute Working Paper, n° 462.
  • Lydon R., T. Y. Mathä et S. Millard, 2018, « Short-time work in the Great Recession: firm-level evidence from 20 EU countries », Bank of England staff working paper, n° 771.
  • Péléraux H., 2017, « L’indicateur avancé pour la zone euro », Note Méthodologique OFCE, mai.
  • Timmer, M. P., Dietzenbacher E., Los B., Stehrer R. et de Vries G. J., 2015, « An Illustrated User Guide to the World Input–Output Database: The Case of Global Automotive Production », Review of International Economics, n° 23, pp. 575-605

 

Étude spéciale. Impact du choc de demande lié à la pandémie de la Covid-19 en avril 2020 sur l’activité économique mondiale

Magali DauvinPaul MallietRaul Sampognaro (2020), Étude spéciale. Impact du choc de demande lié à la pandémie de la Covid-19 en avril 2020 sur l’activité économique mondiale, Revue de l’OFCE, (166), pages 161 à 193 https://doi.org/10.3917/reof.166.0161

 

Mots clés : Pandémie COVID-19, Base WIOD, Choc de demande, Chaînes de valeur mondiales

 

Depuis la mi-mars 2020, de nombreux pays ont mis en place des mesures de confinement incitant les populations à limiter les interactions physiques afin d’enrayer la crise sanitaire due à la pandémie de la Covid-19. Ces dernières se sont traduites par une baisse de la demande qui s’est ensuite diffusée à l’ensemble de l’économie à travers le tissu productif.

Dans cette étude, nous étudions la transmission des mesures de confinement en vigueur en avril 2020 à l’économie mondiale en mobilisant les tableaux entrées-sorties issus de la World Input-Output Database (WIOD) publiés en 2016.

 

Développement:

Dans cet article, on parle des différentes mesures de confinement se sont répercutées sur l’activité économique et se sont traduites par une forte chute de la demande – consommation et investissement – qui s’est ensuite diffusée à l’ensemble du tissu productif domestique mais également étranger.

Les chercheurs cherchent à analyser l’impact de choc sur l’économie mondiale en partant des tableaux entrées-sorties issus de la World Input-Output Database (WIOD).

Après avoir proposé, dans un premier de parler des mesures de confinement à la baisse de la demande, dans un second temps, et on parlera de la baisse de la demande intérieure à un choc de la demande mondiale.

Le choc économique engendré par la réponse sanitaire à l’épidémie de la Covid-19 est inédit. La fermeture des commerces non essentiels et le confinement de la population provoquent des modifications massives de la demande des ménages et des entreprises et génèrent en même temps des contraintes dans l’appareil productif.

Les fortes restrictions imposées auraient généré une chute des ventes de biens industriels.

Il y a eu une réel baisse mondiale de la consommation et de l’investissement en points de PIB par pays. Celle-ci dépend du choc lié aux mesures de confinement propres à chaque pays (première ligne du tableau), du contenu en importations de la demande finale et de la part de marché du pays sur les marchés de biens finals.

La base de données WIOD permet d’avoir une représentation de l’interaction des emplois et des ressources de 44 pays, détaillée en 56 produits.

Hypothèses:

  • La structure de la demande finale est fixe
  •  Les prix des biens et des facteurs sont rigides et que les branches utilisent une proportion fixe de leur production en consommations intermédiaires

 

Résultats:

La base sur laquelle porte l’analyse/l’étude est composée de 44 pays et 56 secteurs réduits à 12 zones et 17 secteurs. L’hétérogénéité observée entre les pays, tant dans la date de mise en place que dans le contenu des mesures prises, nous amène à prendre pour référence le mois d’avril puisqu’à l’exception de la Chine il englobe la majeure partie des périodes de confinement.

Selon l’évaluation des chercheurs, les mesures de confinement et de distanciation sociale mises en place à leur niveau du mois d’avril conduiraient à une baisse de 19 % de la valeur ajoutée mondiale.

Ils observent ainsi une baisse des dépenses privées effectuées dans chacun des pays, qui se diffuse ensuite à l’ensemble du tissu productif national et mondial à travers la demande en consommations intermédiaires que les branches adressent au reste de l’économie mondiale et à travers la demande de biens étrangers finaux.

Ces résultats illustrent l’hétérogénéité des impacts du confinement mondial sur les différentes économies du globe, en fonction de leur exposition au commerce international ; ce qui conduit à avoir des pays pour lesquels l’impact sur l’activité est plus fort que le choc de demande initial tandis que pour d’autres c’est l’inverse.

 

Conclusion:

La dépendance vis-à-vis de l’étranger, à travers les exportations nettes (tourisme compris), constitue une fragilité supplémentaire face à une crise de cette ampleur. Les pays les plus impactés par les mesures de confinement prises en avril sont les pays européens. En premier lieu ceux où le confinement a été le plus strict, en particulier la France, l’Espagne et l’Italie mais également ceux pour lesquels la contribution extérieure à la baisse de l’activité est plus importante, malgré des politiques de confinement moins sévères, l’Allemagne étant particulièrement affectée par ce canal.

L’Allemagne, la Chine, le Japon et le reste du monde se distinguent par une contribution du commerce extérieure au PIB négative tandis que les autres des pays européens bénéficieraient d’une amélioration de leur balance commerciale en diffusant une partie du choc de demande national à leurs partenaires commerciaux.

En revanche, la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni sont quant à eux relativement moins soumis au reste du monde puisque la contribution à la baisse de leur VA est de l’ordre de 15 %, soit près de 5 points. Cela tient à leur position davantage en aval dans les chaînes de production mondiales.

En définitive, les pays les plus impactés par les mesures de confinement prises en avril sont les pays européens où le confinement a été le plus strict.

 

Références:

  • Leontief W. W., 1941, The structure of American Economy, 1919-1929, Cambridge, MA, Harvard University Press.
  • Hambÿe C., 2012, « Analyse entrées-sorties, Modèles, Multiplicateurs, Linkages », Bureau fédéral du Plan Working Paper, 12-12.
  • Gerschel E., Martinez A. et I. Méjean, 2020, « Propagation des chocs dans les chaînes de valeur internationales : le cas du coronavirus », Note IPP, n° 53, Institut des Politiques Publiques.
  • Timmer M. P., Dietzenbacher E., Los B., Stehrer R. et G. J. de Vries, 2015, « An illustrated user guide to the world input-output database : The case of global automotive production », Review of International Economics, vol. 23, n° 3, pp. 575-605.

 

Le marketing dans l’assurance : le tournant du digital

Pierre-Alain de Malleray (2017), Le marketing dans l’assurance : le tournant du digital, Revue d’économie financière, (N° 126), pages 145 à 168 https://doi.org/10.3917/ecofi.126.0145

 

Mots clés : Marketing, Assurance, Digital

 

L’industrie de l’assurance se caractérisait jusqu’ici par un marketing offensif, de masse, tourné quasi exclusivement vers la construction d’une image de marque. Cette image était destinée à inspirer confiance dans la marque et les produits, et à alimenter des réseaux de distribution traditionnels (agences ou réseaux salariés). Ce modèle est aujourd’hui remis en cause par la digitalisation croissante des canaux de distribution des assureurs. Cette dernière rend plus difficile la différenciation des offres, donc la construction de l’image de marque. Par ailleurs, elle ouvre un champ des possibles extrêmement vaste concernant le ciblage commercial, rendant obsolète le marketing de masse. Au total, elle constitue une opportunité majeure pour les acteurs qui sauront comprendre les codes du digital, tant dans la distribution des offres que dans le service rendu au client. Elle constitue tout autant une menace pour les autres.

 

Développement:

Dans cet article, sont décrit les changements à l’œuvre dans le marketing de l’assurance liés à la digitalisation du secteur. Le marketing doit être entendu, selon la définition proposée par l’American Marketing Association, comme l’activité consistant à « planifier et mettre en œuvre l’élaboration, la tarification, la communication et la distribution d’une idée, d’un produit ou d’un service en vue d’un échange mutuellement satisfaisant pour les organisations comme pour les individus ».

Le champ analysé ici est celui de l’assurance des particuliers et des professionnels, l’assurance d’entreprise étant exclue car elle implique des modalités de marketing et de distribution très différentes. Les principales lignes d’affaires considérées sont l’assurance automobile, habitation, vie et santé, qui représentent la grande majorité du marché.

Après avoir proposé, dans un premier d’aborder la marketing traditionnel, dans un second temps, et on parlera également de la digitalisation.

Toute stratégie marketing dans le secteur de l’assurance doit tenir compte de certaines caractéristiques essentielles du produit, qui ne le rendent semblable à aucun autre. L’assurance n’est pas un produit qui fait rêver, en effet, les marketeurs d’assurance n’arriveront pas à projeter le consommateur dans un univers où l’adhésion au produit est forte. L’assurance est uniquement perçue comme une obligation et il faut avouer que c’est un domaine très compliqué à comprendre et où beaucoup de personnes on l’impression de se faire avoir.

Là où les enseignes de luxe, d’habillement ou de sport invitent le consommateur à se projeter dans un univers désirable où il est en pleine forme, élégant et entouré d’objets de valeur, les assureurs n’ont d’autre choix que d’inviter leurs clients à envisager le pire, à savoir : l’accident, la maladie, la dépendance, la mort, les obsèques ou la succession.

L’acte d’achat d’assurance est étroitement associé à des moments de vie. Le consommateur recherche rarement un produit d’assurance pendant son temps libre pour améliorer ou optimiser sa couverture contre tel ou tel risque. Il s’intéresse à l’assurance le plus souvent parce qu’un événement particulier l’y a conduit : un déménagement, l’achat d’une voiture, un changement de travail, l’entrée dans la vie active, une naissance, un divorce, le passage à la retraite, etc.

Au niveau mondial, les assureurs suscitent moins de confiance de la part des consommateurs que les banques.

Pour la réalisation de leurs annonces, les acteurs ont déployé l’ensemble des techniques traditionnelles bien connues des publicitaires afin de créer, selon le terme consacré, de la « rémanence » : des slogans, des jingles, des mascottes, etc. Le but du message est souvent le suivant: les idées sont simples et renvoient toutes aux mêmes thématiques : le prix, la tranquillité d’esprit, le service client ou l’absence de but lucratif de l’assurance (pour les assureurs mutualistes).

La stratégie de l’irruption du digital dans l’assurance est difficile à quantifier et est progressivement remise en cause par la digitalisation des canaux de distribution. La part des ventes en ligne d’assurance ne peut donc être estimée que par sondage auprès de clients ou de compagnies. Ces derniers indiquent une proportion qui varie beaucoup en fonction des études, mais qui peut être estimée autour de 10 % à 15 % dans la plupart des pays industrialisés, dont la France.

La vente d’assurance aux particuliers est une transaction complexe, qui mêle plusieurs phases de recherche d’information, de demande d’avis, de conseil, de réalisation de la transaction et d’après-vente. Si la part des ventes effectuées en ligne, bien qu’incertaine, est aujourd’hui (en 2017) minoritaire (sauf au Royaume-Uni), les consommateurs ont déjà basculé majoritairement sur Internet pour la phase avant-vente de recherche d’information.

Une chose est sûre : les ventes en ligne sont en croissance. En effet, la croissance des canaux digitaux ressort de toutes les études citées précédemment. Elle peut aussi se déduire de l’examen des données concernant les requêtes sur les moteurs de recherche, en particulier Google qui détient une part de marché ultradominante en France. Il est intéressant de se pencher sur les ressorts de cette croissance. Plus généralement, l’assurance ne peut rester durablement à l’écart d’une tendance de fond qui voit la publicité digitale progressivement supplanter la publicité off line. À cet égard, 2017 représente une année historique, puisque c’est la première fois que les analystes s’attendent à ce que les dépenses marketing digitales dépassent, aux États-Unis, celles du média jusqu’ici roi : la télévision.

Cette montée en puissance des canaux digitaux a pour conséquence de placer le critère du prix au cœur du marketing et du produit. Les comparateurs qui, dans certains pays comme au Royaume-Uni, sont un mode dominant d’entrée en relation avec le client ne font qu’accentuer ce phénomène. Les offres d’assurance sont, en fonction des garanties demandées, classées par prix croissant, ce qui en fait l’élément déterminant.

Le big data a permis dans de nombreux domaines de révolutionner le marketing en rendant le ciblage commercial plus efficace, et ce grâce aux cookies. Comme pour les produits de grande consommation, les technologies du display du retargeting ou des algorithmes de recommandation permettent aux assureurs d’améliorer leurs taux de conversion. Cela est d’autant plus important en assurance que l’acte d’achat est, on l’a vu, centré sur des moments de vie qu’il s’agit de détecter.

 

Résultats:

L’étude de 2013 fondée sur des sondages auprès de consommateurs pour des produits standards (auto, habitation) réalisée par Finaccord en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Pologne et au Royaume-Uni a montré que :

  • les canaux en ligne, qu’il s’agisse des sites d’assureurs ou de comparateurs, représentaient une moyenne de 42 % des ventes en 2012 ;
  • ce dernier chiffre était de 36 % en 2008 ;
  • le Royaume-Uni détenait le record de la part de transactions en ligne (69 %) ;
  • la France détenait la part la plus faible (25 %) ;
  • la part des ventes en ligne a progressé significativement dans chacun des six pays étudiés entre 2008 et 2012.

Ces analyses ne convergent pas sur l’évaluation de la part du e-commerce dans l’assurance, du fait principalement des biais méthodologiques dans la définition de ce que recouvre la notion d’e-commerce.

 

Conclusion:

Avec le temps, la vente de produit en ligne ne fait que d’augmenter grâce aux différents canaux de digitalisation. On a pu voir dans cette article que la montée en puissance des canaux digitaux a également pour conséquence de placer le critère du prix au cœur du marketing et du produit.

 

Références:

  • Accenture (2016), « Coming to Terms with Insurance Aggregators: Global Lessons for Carriers ».
  • Bain & Company (2014), Customer Loyalty in P&C Insurance: US Edition.
  • Bain & Company (2016), Customer Behavior and Loyalty in P&C Insurance: Global Edition.
  • CapGemini et Efma (2016), World Insurance Report.
  • Clickstream/Netview Nielsen (2014), étude, janvier-mars.
  • EY (Ernst & Young) (2011), Bringing Profitability Back from the Brink of Extinction: a Report on the UK Retail Motor Market.
  • EY (2014), Global Consumer Insurance Survey.
  • Finaccord (2013), Aggregation Metrics: Consumer Approaches to Insurance Comparison Sites in Europe, février.
  • McKinsey (2014), Global Insurance Industry Insights, an In-Depth Perspective.
  • Morgan Stanley et BCG (Boston Consulting Group) (2014), « Insurance and Technology, Evolution and Revolution in a Digital World », Blue Paper, septembre.
  • Swiss Re (2014), « Digital Distribution in Insurance: a Quiet Revolution », Sigma, n° 2/2014.
  • The Content Strategist (2017), février.

 

Introduction. Entre valeurs et performances : les défis de la finance mutualiste

Michel Roux (2019), Introduction. Entre valeurs et performances : les défis de la finance mutualiste, Revue d’économie financière, (N° 134), pages 11 à 20 https://doi.org/10.3917/ecofi.134.0011

 

Mots clés : Valeurs, Performances, Finance mutualiste

 

Les entreprises du secteur financier mutualiste ont été créées au cours de la deuxième moitié du 19ème siècle pour permettre à leurs adhérents d’avoir accès à des services financiers de banque et d’assurance. La philosophie présidant à leur création était de faire primer le service rendu à leurs membres sur la rentabilité financière. En ce début de 21ème siècle, le secteur financier mutualiste compte de nombreux acteurs majeurs du système financier. Ce numéro présente un état des lieux de cette finance mutualiste, aborde les grands défis auxquels elle est confrontée et interroge sa fidélité aux valeurs proclamées.

 

Développement:

Ce numéro est divisé en quatre parties. La première présente la genèse de ce secteur et les valeurs qu’il incarne. Une seconde partie est consacrée aux différents acteurs dans la banque et l’assurance et à leurs rôles. La troisième partie analyse la gouvernance de ces acteurs, les conflits possibles entre la nécessaire efficience et le respect des valeurs. Enfin, une dernière partie trace les enjeux du futur auxquels fait face la finance mutualiste, la course à la taille, les difficultés réglementaires, la digitalisation.

La Chronique d’histoire financière traite des relations entre monnaie et protectionnisme aux Etats-Unis après la guerre de Sécession et un article « divers » analyse le rôle des eurodollars et du shadow banking dans le cadre du statut international du dollar et des mutations du système financier.

Nous allons parler ici, de l’entre valeurs et performances : les défis de la finance mutualiste.

Alors que la planète politico-économique connaît une nouvelle forme de barbarie où les rapports de force reprennent clairement le pas sur les équilibres patiemment forgés par quelques instances, notre avenir se joue face à de nouveaux acteurs (GAFA, Google, Apple, Facebook et Amazon) peu enclins à rendre compte à la société.

Un monde marqué par de multiples causes d’instabilité qui se traduisent par des changements de repères et de paradigmes. Les résistances aux changements sont nombreuses et nous sommes qu’aux premières étapes de ce que les psychosociologues appellent la courbe du changement où individus et institutions connaissent successivement des états de déni, de pertes de repères, d’impatience en attendant, parfois, la colère avant d’admettre leur utilité.

La question alors posée est: Comment souscrire aux attentes d’une révolution culturelle de la sphère financière vers une finance plus responsable?

La recherche perpétuelle de croissance et de l’accumulation des profits, longtemps considérées comme suffisantes pour donner une signification à la production, n’est plus une fin viable à long terme. Nous assistons, probablement, à la fin du mythe de la croissance éternelle dans un monde où les conséquences sociales de la transition numérique et climatique sont incertaines : nous allons devoir apprendre à élargir notre conception du progrès.

L’économie ne peut fonctionner harmonieusement dans l’instabilité financière. Elle ne peut pas non plus fonctionner sans la finance. Les péripéties de la crise qui a débuté en 2008 avec la faillite de Lehman Brothers, suivie par celle des dettes souveraines en Europe, en passant par les circuits opaques de l’évasion fiscale, ont souligné les risques.

En France, les institutions coopératives et mutualistes sont un indéniable succès économique : elles représentent près de 60 % des dépôts bancaires, assurent un véhicule sur deux, près d’une habitation sur deux, une complémentaire santé sur deux.

Alors que le modèle mutualiste est parfois remis en cause par certains, il est toujours aussi moderne et fait la preuve de son utilité dans notre société. La proximité, la solidarité, la non-obsession du profit et la démocratie sont les fondements philosophiques des mutuelles.

Les chercheurs soulignent la place occupée par le mutualisme en Europe et rappellent que les entreprises qui le constituent sont nées pour apporter des solutions de confiance, de solidarité et de large répartition du progrès à la masse des personnes impactées par les révolutions industrielles successives depuis plus d’un siècle et demi.

Le mutualisme est pourtant une forme d’organisation particulièrement adaptée à la société du xxie siècle. Face à la fragmentation sociale, à la finance de court terme et aux monopoles dominants, il oppose un modèle démocratique, fondé sur la responsabilité collective, la priorité au client-sociétaire et l’utilité sociale de long terme.

La caractérisation des attentes des clients des banques coopératives montre leur caractère multiforme où différents types de performances sont attendues : financières, commerciales, territoriales et communautaires.

De plus, la digitalisation des mutuelles apparaît comme un vecteur de renforcement dans la recherche d’une meilleure interaction sociétale avec leur partie prenante.

 

Résultats:

Sans pouvoir prétendre à être seul l’avenir de nos économies de marché, la finance mutualiste pourrait être le vecteur majeur d’une finance durable au service de l’économie réelle.

 

Conclusion:

Dans le cadre d’une interview, Pascal Demurger considère que dans le contexte actuel d’incertitudes, le modèle mutualiste a des choses à dire. Au fil des années, il a démontré sa capacité à faire primer l’intérêt collectif sur le bénéfice individuel, à privilégier la performance de long terme plutôt que le profit immédiat. Bien sûr, le statut ne suffit pas à produire de la vertu, mais les acteurs mutualistes disposent de véritables atouts pour être demain aux avant-postes des entreprises qui se démarqueront par leur capacité de concilier performance et contribution positive au mieux commun.

 

 

Les stratégies d’internationalisation en assurances

Nicolas DesombreDenis DuverneAmélie de Montchalin (2017), Les stratégies d’internationalisation en assurances, Revue d’économie financière, (N° 126), pages 51 à 64 https://doi.org/10.3917/ecofi.126.0051

 

Mots clés : Stratégies, Internationalisation, Assurances

 

Les grandes compagnies d’assurance sont confrontées à une multitude de défis qui appellent à une transformation profonde de leurs organisations, leurs ambitions et leurs modes de fonctionnement. Alors que les grands assureurs européens ont été dès le début des années 1980 les pionniers de la dynamique d’internationalisation à travers de nombreuses acquisitions transfrontalières au niveau mondial, l’évolution de leur environnement les contraint à s’interroger sur leur « raison d’être » à l’international. Les stratégies d’internationalisation depuis trente ans sont restées guidées par l’expansion géographique plus que par une convergence entre les produits vendus, réduisant ainsi les économies d’échelle potentielles. La régulation financière et les conditions de marchés, ainsi que les ruptures technologiques, poussent aujourd’hui les compagnies d’assurance à se recentrer sur des marchés stables et offrent de la visibilité économique et politique. Les exigences de rentabilité et de cohérence stratégique sont actuellement fortes et appellent à l’optimisation de la présence internationale plutôt qu’à son expansion foisonnante.

 

Développement:

Suite à la sortie de la crise de 2008, es assureurs doivent transformer leur offre de produits d’assurance vie et d’épargne prévoyance car leur capacité à fournir conjointement liquidité, sécurité et rendement a été fortement réduite dans un environnement de taux d’intérêt à long terme nuls ou négatifs. Dans le même temps, un certain nombre d’assureurs vie cherchent à se séparer de leurs portefeuilles.

Dans cet article, nous allons parler de l’internationalisation dans le secteur des assurances.

Après avoir proposé, dans un premier temps les grandes tendances d’internationalisation du secteur de l’assurance, dans un second temps, on aborde la quête de croissance profitable et durable, ensuite pour finir, on abordera les facteurs de succès à l’internationalisation des assureurs.

  1. Le premier défi est celui créé par l’environnement économique et financier, avec des marchés actions volatils, à la performance faible en moyenne depuis la sortie poussive de la crise de 2008, et surtout des taux d’intérêt nominaux à long terme historiquement bas.
  2. Le second défi est celui de la révolution numérique : big datablockchain et digitalisation. L’assurance moderne a été longtemps dépendante de données historiques, statistiques et agrégées et a désormais accès en temps réel à des données, comportementales et personnalisées, qui lui permettent de définir des nouveaux produits d’assurance et services.
  3. Le troisième défi est celui de l’évolution des comportements et des objectifs des clients et des collaborateurs face à l’assurance. Traditionnellement, les assurés demandaient à leur assureur la garantie d’une protection financière face à des chocs ou des événements tels que prévus dans le contrat initial scellant leur relation mutuelle.
  4. le quatrième défi est celui de la complexité grandissante de la réglementation assurantielle, nationale et internationale. Sur le volet financier, la mise en œuvre du nouveau cadre Solvabilité II, en janvier 2016, en Europe crée un cadre unifié de gestion économique des grands groupes d’assurance, notamment grâce à l’établissement de modèles internes.

L’internationalisation de l’assurance s’est réalisée à travers la création d’acteurs globaux « multidomestiques » plutôt que par la vente de produits d’assurances « uniformes » au niveau mondial.

La digitalisation de l’économie et les nouvelles habitudes d’achat des clients (« en ligne » plutôt que par des agents ou des courtiers), ainsi que les encouragements réglementaires européens à faire émerger un marché unique des services financiers pourraient modifier la tendance.

Dans les trente dernières années, l’internationalisation du secteur de l’assurance a été progressive, avec quelques exemples de croissance organique « green field » dans les pays émergents notamment, mais surtout tirée par des acquisitions majeures et/ou des accords de bancassurance de long terme dans les pays développés. L’internationalisation n’a donc pas été linéaire et structurelle, mais au contraire relativement opportuniste au gré notamment du rythme des ouvertures réglementaires aux investisseurs étrangers ou de cessions d’activités d’assurance par des groupes domestiques.

Entre 2000 et 2015, la part du chiffre d’affaires généré dans leur pays d’origine par les assureurs dits « systémiques » (les neuf plus grands assureurs internationaux) est passée en moyenne de 57 % à 48 %. Pendant cette période, les plus grands assureurs tels que AXA, Allianz, Generali et Aviva ont généré la majeure partie de leur croissance à l’international, leur permettant un développement plus rapide que leurs concurrents purement locaux. Progressivement, pour ces acteurs, les stratégies d’internationalisation se sont portées au-delà de leur région d’origine.

Les grands assureurs mondiaux ont dans leur ensemble relativement bien résisté aux chocs financiers induits par la crise de 2008. Après l’éclatement de la bulle financière en 2008-2009 et l’atonie de la croissance économique dans les pays matures qui continue d’en découler, les plus grands assureurs ont été tentés de poursuivre leur quête de croissance à l’international dans les pays émergents. Mais la crise de 2008 a fragilisé des stratégies reposant trop sur l’optimisation du capital au-delà de pures stratégies industrielles.

L’assurance a ainsi un potentiel de développement extrêmement dépendant de la maturité économique et financière du pays en général. Les stratégies d’internationalisation des grands assureurs occidentaux vers les marchés où l’assurance est aujourd’hui peu présente sont ainsi à voir comme un pari sur l’avenir économique du pays, une plus forte industrialisation et urbanisation accroissant les besoins en assurance dommages, et une plus grande capacité d’épargne, rendant possible une plus forte croissance de l’assurance vie, de l’assurance santé et des produits d’épargne prévoyance.

L’internationalisation des assureurs a pu dans certains cas découler de celle de leurs clients – grandes entreprises industrielles ou de services cherchant à bénéficier de la même couverture de risques, pour leurs activités et leurs employés au-delà de leurs marchés initiaux.

  1. La capacité à entrer dans un pays étranger en tant qu’assureur originaire d’un autre pays est avant tout encadrée par les règles d’ouverture au capital étranger et par l’encadrement réservé aux investissements étrangers.
  2. Le deuxième niveau de régulation, après les règles d’installation, est celui lié aux codes des assurances et la facilité à obtenir une licence pour opérer et distribuer des produits d’assurance. Dans certains pays, cette licence est octroyée par grandes lignes de métiers (dommages, vie, santé), dans d’autres, une fois la ou les licences obtenues, l’autorisation est octroyée par région ou produit par produit (actuellement la plupart des pays africains ont une supervision où la licence est octroyée produit par produit, ce qui ralentit fortement la capacité d’innovation).
  3. Le troisième niveau est celui de la stabilité du droit et des régimes politiques. Dans de nombreux pays, moins que la régulation assurantielle elle-même, un facteur clé est la stabilité du droit (le pouvoir du juge pour régler des contentieux entre un assureur et ses assurés), l’évolution de la jurisprudence (essentielle pour la responsabilité civile, le respect des activités privées (face à un partenaire d’affaire local et face à l’État lui-même) et l’égalité de traitement des acteurs étrangers face aux acteurs locaux.
  4. Le dernier niveau réglementaire est celui des régulations adjacentes et qui permettent à l’assureur de se développer, d’innover et de distribuer ses produits, tout en maintenant un niveau de pratique commerciale adaptée à ses pratiques et ses normes internes.

 

Conclusion:

L’internationalisation n’est plus une fin en soi pour de nombreux grands assureurs, elle reste pour beaucoup d’entre eux indispensable à leur positionnement concurrentiel pour maintenir une taille critique et des économies d’échelle face à la pression réglementaire et la transformation radicale du secteur poussée par la digitalisation.

Les plus grands groupes internationaux ont pratiquement tous annoncé des politiques de « recentrage » stratégique sur un nombre plus limité de pays afin d’être plus à même de réinvestir leur capital uniquement sur les marchés qui peuvent apporter une contribution substantielle à une croissance profitable pérenne, dans la lignée des modèles opérationnels « multidomestiques » actuellement prépondérants.

Dans ce contexte global compétitif, les assureurs internationalisés vont donc devoir continuer à innover, pour atteindre un nombre plus grand de clients, et mieux protéger des risques nouveaux ou des biens actuellement non assurés dans un certain nombre de pays émergents – facteurs structurels de nature à entretenir encore longtemps la dynamique de croissance et d’internationalisation du secteur de l’assurance.

Panorama de l’industrie française de l’assurance

José Bardaji (2017), Panorama de l’industrie française de l’assurance, Revue d’économie financière, (N° 126), pages 19 à 40 https://doi.org/10.3917/ecofi.126.0019

 

Mots clés : Industrie, Panorama, Industrie française, Assurance

 

L’assurance en France collecte plus de 200 Md€ de cotisations chaque année et dispose d’un portefeuille de placements de près de 2 300Md€, soit 103% du PIB. Ces différentes statistiques reflètent le poids économique et social particulièrement élevé de cette industrie, tant elle accompagne tous les Français, particuliers ou entreprises, à tous les stades de la vie ou de leur développement. En effet, l’assurance protège les Français et leurs biens (voiture, habitation, etc.) contre des risques de toutes natures. Elle protège aussi l’activité et les biens des entreprises, de plus en plus des conséquences d’une attaque informatique. En raison du succès de l’assurance vie, elle finance massivement l’économie, notamment, les entreprises (59 %), mais aussi les États (33 %) ; ces investissements prennent la forme d’obligations (71 %), mais aussi d’actions (17 %). Enfin, l’assurance française s’internationalise lentement avec un chiffre d’affaires réalisé à l’étranger en légère hausse, tout comme celui réalisé par des assureurs étrangers en France, signe d’une certaine maturité du marché français de l’assurance.

 

 

Développement:

Dans cet article, nous allons parler de l’assurance sous différents aspects (industrie, au service de la protection, mais également de l’épargne et du financement de l’économie, l’assurance française dans le monde et dans notre quotidien).

L’assurance française représente ainsi 209 Md€ de cotisations perçues , dont près de deux tiers au titre de l’assurance vie, et du tiers restant au titre de l’assurance non-vie qui regroupe les assurances de biens et de responsabilité et les assurances de dommages corporels (maladie et prévoyance). Cette séparation entre assurance vie et non-vie est usuelle, mais pas forcément partagée par l’ensemble des acteurs de la profession, ni par l’ensemble des pays. Parfois on préfère distinguer les assurances de personnes (vie et dommages corporels) des assurances de dommages.

Les assurances de biens et de responsabilité ont collecté un peu plus de 53 Md€ de cotisations en 2016, dont près des deux-tiers portent sur des assurances de particuliers (automobile, habitation, etc.) et le tiers restant sur des assurances de professionnels (biens professionnels, responsabilité civile générale, construction…).

  • L’assurance automobile:

C’est la branche non-vie la plus importante. Avec un peu plus de 20 Md€ de cotisations en 2016, elle représente près de 40 % des cotisations totales en assurances dommages. Le montant des cotisations évolue régulièrement (18 Md€ en 2007). La prime moyenne globale d’une assurance voiture s’établit à 400 euros HT (en France, un total de 52 millions de véhicules étaient assurés en 2016). Les sociétés avec intermédiaires, qui correspondent souvent aux sociétés d’assurance anonymes, sont les plus implantées sur ce marché avec une part de marché de 41,4 %, devant les mutuelles sans intermédiaires (34,0 %). La bancassurance arrive en 3e position (12,9 %), mais connaît une nette progression depuis plusieurs années. L’assurance automobile reste un produit d’appel. À l’avenir, l’assurance automobile reste sujette à des mutations d’envergure. Les dispositifs d’aide à la conduite et, demain, la voiture autonome laissent attendre une baisse sensible de la sinistralité et, en corollaire, des cotisations. Pour la principale branche de l’assurance dommages, cette évolution invite la profession à accompagner la mutation de l’industrie automobile de demain.

  • L’assurance habitation:

On parle de multirisque habitation, elle garanti garantit l’assuré contre des événements qui pourraient l’affecter comme l’incendie, le vol, le dégât des eaux, les tempêtes et les catastrophes naturelles, ainsi que la responsabilité du chef de famille contre les dommages qui pourraient être causés à autrui. C’est la deuxième branche non-vie la plus importante par le poids qu’elle représente en termes de cotisations, après l’automobile. Avec près de 10 Md€ en 2016, elle représente environ 20 % des cotisations totales en assurances de biens et de responsabilité. En 2015, on dénombrait en France 39,7 millions de contrats d’assurance habitation. Contrairement à l’assurance automobile, cette assurance n’est pas toujours obligatoire. Elle l’est uniquement pour les locataires et les propriétaires, si le logement est situé dans une copropriété. Dans une moindre mesure qu’en automobile, l’assurance habitation est aussi un produit d’appel pour les sociétés d’assurance.

  • L’assurance dommages aux bien professionnels:

Elle vise à protéger les biens des entreprises comme l’assurance contre l’incendie et l’assurance « pertes d’exploitation » qui s’applique lorsqu’il y a une interruption d’activité liée à une catastrophe naturelle (tempête, inondation, etc.). Les assurances de dommages aux biens des professionnels recouvrent différentes assurances : les multirisques pour les artisans, les commerçants et les professions de services, les assurances de risques industriels, les dommages aux biens agricoles et autres dommages aux biens professionnels. Avec un chiffre d’affaires de 7,6 Md€, l’activité de cette branche est particulièrement le reflet de l’environnement économique. Ainsi, depuis la grande récession de 2008-2009, le dynamisme de ce marché est faible et la capacité des entreprises à étendre le champ de leurs garanties est limitée du fait d’une activité économique atone.

  • L’assurance de protection sociale: 

C’est un complément des régimes obligatoires dans le financement de compléments de retraite, le remboursement de frais de soins, le versement d’indemnités en cas d’arrêt de travail, d’invalidité ou de dépendance et le paiement d’un capital ou d’une rente en cas de décès. Une partie de ces contrats est spécifiquement destinée à se constituer un revenu de remplacement au moment de la survenance du risque. Les prestations sociales s’établissent à près de 700 Md€. Ce montant comprend les prestations versées au titre de la vieillesse-survie (45 %), de la santé (35 %), de la maternité-famille (8 %), de l’emploi (6 %) et des autres risques (6 %). Les organismes d’assurance ont collecté 66 Md€ et versé 46 Md€ de prestations au titre des risques sociaux ce qui représente l’équivalent de 7 % des prestations sociales. En santé, les dépenses (consommation de soins et de biens médicaux) s’élèvent à 194,6 Md€ en 2015.

 

Les assurances d’épargne sont basées sur l’espérance de vie de l’assuré. Le contrat prévoit, en échange de cotisations, le versement d’un capital ou d’une rente soit si l’assuré est en vie à une date donnée (contrat en cas de vie), soit s’il décède (contrat en cas de décès). L’épargne constituée peut indifféremment être utilisée en vue d’un projet immobilier, pour préparer la retraite, transmettre à son conjoint ou à ses héritiers un capital. Pour toutes ces raisons, on évoque souvent la dimension « couteau suisse » de l’assurance vie.

  • L’assurance vie

Elle est principalement composée de deux types de supports, en euros et en unités de compte. Les premiers offrent une liquidité à tout instant et la garantie en capital. Les seconds offrent une espérance de rendement supérieur au prix d’une absence de garantie du capital. En raison de son succès, l’assurance vie occupe une place première dans le patrimoine des Français. À la fin de 2016, ce patrimoine est estimé à près de 12 000 Md€, soit 5,4 fois la richesse nationale. Il est composé de 60 % d’actifs non financiers (immobilier, terrains bâtis, or, objets de valeur, etc.) et de 40 % d’actifs financiers. Dans ce total, la part de l’assurance s’élève à 16 %. Au sein de l’épargne financière, l’assurance vie maintient sa première place en 2016.

 

L’assurance joue un rôle primordial dans le financement de l’économie. À la fin de 2016, les placements des sociétés d’assurance représentent ainsi 2 350 Md€, soit un peu plus d’une année de richesse créée en France. En raison du poids de l’assurance vie, les sociétés d’assurance vie et mixtes détiennent 91 % des placements totaux. Ces placements ont bien progressés. Cette progression provient principalement de la collecte nette en assurance vie conjuguée au rendement des actifs en portefeuille. Les placements auprès des entreprises représentent ainsi en 2016 1 384 Md€, soit 59 % des investissements totaux des sociétés d’assurances.

Le marché de l’assurance en France est le cinquième au monde, derrière les marchés américain, japonais, chinois et britannique et il offre des perspectives de développement pour les entreprises étrangères. Cette stabilité peut témoigner de la maturité du marché français. Les perspectives de croissance y sont mesurées et incertaines, car le marché est concurrentiel et présente une réglementation complexe et une fiscalité mouvante.

L’activité des entreprises étrangères en France présente deux caractéristiques. Ce sont essentiellement des assureurs européens qui officient via des filiales. Plus de 90 % des primes des entreprises étrangères réalisées sur le marché français sont le fait d’entreprises allemandes, italiennes, britanniques et suisses. Le développement des assureurs français à l’étranger est don très fort.

 

 

Résultats:

La profession de l’assurance, à l’image du secteur financier dans son ensemble, fait face à plusieurs défis dont trois sont particulièrement d’actualité :

  1. le premier est économique avec cet environnement de taux durablement bas qui met à mal le modèle de l’assurance vie et non-vie. L’expérience japonaise, qui évolue dans cet environnement depuis plusieurs années déjà, est là pour témoigner aussi bien de la difficulté que de la capacité de notre industrie à s’y adapter ;
  2. le deuxième est réglementaire avec l’avalanche de textes nationaux, régionaux et internationaux, notamment au lendemain de la grande récession de 2008-2009. Ces textes ambitionnent tous de protéger la profession et le consommateur, mais parfois ils pâtissent d’une coordination minimale entre les autorités et d’une prudence excessive, au risque de pénaliser le level playing field et le financement de l’économie respectivement ;
  3. le troisième est technologique avec la révolution numérique qui apporte déjà des transformations majeures à tous les niveaux : la vente, le marketing, la conception des produits, la tarification, la souscription et la gestion des sinistres. Cette destruction créatrice n’est pas en soi nouvelle. La rapidité avec laquelle elle se diffuse l’est davantage. Elle oblige à repenser notre activité et ouvre des perspectives des plus réjouissantes.

 

 

Conclusion:

Le panorama dressé dans cet article affirme la place de l’assurance dans le quotidien des Français, particuliers ou professionnels, parfois de manière discrète quand il s’agit de financer l’économie. Pour notre habitation, elle intervient en amont pour constituer une épargne à l’aide d’une assurance vie, en amont encore pour compléter le financement qui nécessite une assurance emprunteur permettant de solliciter un prêt bancaire, pendant la construction en assurant la maîtrise d’œuvre et d’ouvrage, en aval enfin pour s’assurer des dégâts causés par les intempéries, les éventuels vols et autres sinistres de la vie quotidienne.

 

 

Références:

  • AFA (Association française de l’assurance) (2015), « Risques climatiques : quel impact sur l’assurance contre les aléas naturels à l’horizon 2040 ? », décembre.
  • FFA (Fédération française de l’assurance) (2017), « Les assurances de personnes et de biens et de responsabilité », Données clés 2016.
  • INSEE (2014), Les comptes nationaux passent en base 2010, L’économie française, édition 2014.
  • NOVETHIC (2016), Les chiffres 2015 de l’investissement responsable en France, mai.
  • SWISS RE (2016), « L’assurance dans le monde en 2015 : une croissance continue cachant des disparités régionales », Sigma, n° 3.