Étude spéciale. Impact du choc de demande lié à la pandémie de la Covid-19 en avril 2020 sur l’activité économique mondiale

Magali DauvinPaul MallietRaul Sampognaro (2020), Étude spéciale. Impact du choc de demande lié à la pandémie de la Covid-19 en avril 2020 sur l’activité économique mondiale, Revue de l’OFCE, (166), pages 161 à 193 https://doi.org/10.3917/reof.166.0161

 

Mots clés : Pandémie COVID-19, Base WIOD, Choc de demande, Chaînes de valeur mondiales

 

Depuis la mi-mars 2020, de nombreux pays ont mis en place des mesures de confinement incitant les populations à limiter les interactions physiques afin d’enrayer la crise sanitaire due à la pandémie de la Covid-19. Ces dernières se sont traduites par une baisse de la demande qui s’est ensuite diffusée à l’ensemble de l’économie à travers le tissu productif.

Dans cette étude, nous étudions la transmission des mesures de confinement en vigueur en avril 2020 à l’économie mondiale en mobilisant les tableaux entrées-sorties issus de la World Input-Output Database (WIOD) publiés en 2016.

 

Développement:

Dans cet article, on parle des différentes mesures de confinement se sont répercutées sur l’activité économique et se sont traduites par une forte chute de la demande – consommation et investissement – qui s’est ensuite diffusée à l’ensemble du tissu productif domestique mais également étranger.

Les chercheurs cherchent à analyser l’impact de choc sur l’économie mondiale en partant des tableaux entrées-sorties issus de la World Input-Output Database (WIOD).

Après avoir proposé, dans un premier de parler des mesures de confinement à la baisse de la demande, dans un second temps, et on parlera de la baisse de la demande intérieure à un choc de la demande mondiale.

Le choc économique engendré par la réponse sanitaire à l’épidémie de la Covid-19 est inédit. La fermeture des commerces non essentiels et le confinement de la population provoquent des modifications massives de la demande des ménages et des entreprises et génèrent en même temps des contraintes dans l’appareil productif.

Les fortes restrictions imposées auraient généré une chute des ventes de biens industriels.

Il y a eu une réel baisse mondiale de la consommation et de l’investissement en points de PIB par pays. Celle-ci dépend du choc lié aux mesures de confinement propres à chaque pays (première ligne du tableau), du contenu en importations de la demande finale et de la part de marché du pays sur les marchés de biens finals.

La base de données WIOD permet d’avoir une représentation de l’interaction des emplois et des ressources de 44 pays, détaillée en 56 produits.

Hypothèses:

  • La structure de la demande finale est fixe
  •  Les prix des biens et des facteurs sont rigides et que les branches utilisent une proportion fixe de leur production en consommations intermédiaires

 

Résultats:

La base sur laquelle porte l’analyse/l’étude est composée de 44 pays et 56 secteurs réduits à 12 zones et 17 secteurs. L’hétérogénéité observée entre les pays, tant dans la date de mise en place que dans le contenu des mesures prises, nous amène à prendre pour référence le mois d’avril puisqu’à l’exception de la Chine il englobe la majeure partie des périodes de confinement.

Selon l’évaluation des chercheurs, les mesures de confinement et de distanciation sociale mises en place à leur niveau du mois d’avril conduiraient à une baisse de 19 % de la valeur ajoutée mondiale.

Ils observent ainsi une baisse des dépenses privées effectuées dans chacun des pays, qui se diffuse ensuite à l’ensemble du tissu productif national et mondial à travers la demande en consommations intermédiaires que les branches adressent au reste de l’économie mondiale et à travers la demande de biens étrangers finaux.

Ces résultats illustrent l’hétérogénéité des impacts du confinement mondial sur les différentes économies du globe, en fonction de leur exposition au commerce international ; ce qui conduit à avoir des pays pour lesquels l’impact sur l’activité est plus fort que le choc de demande initial tandis que pour d’autres c’est l’inverse.

 

Conclusion:

La dépendance vis-à-vis de l’étranger, à travers les exportations nettes (tourisme compris), constitue une fragilité supplémentaire face à une crise de cette ampleur. Les pays les plus impactés par les mesures de confinement prises en avril sont les pays européens. En premier lieu ceux où le confinement a été le plus strict, en particulier la France, l’Espagne et l’Italie mais également ceux pour lesquels la contribution extérieure à la baisse de l’activité est plus importante, malgré des politiques de confinement moins sévères, l’Allemagne étant particulièrement affectée par ce canal.

L’Allemagne, la Chine, le Japon et le reste du monde se distinguent par une contribution du commerce extérieure au PIB négative tandis que les autres des pays européens bénéficieraient d’une amélioration de leur balance commerciale en diffusant une partie du choc de demande national à leurs partenaires commerciaux.

En revanche, la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni sont quant à eux relativement moins soumis au reste du monde puisque la contribution à la baisse de leur VA est de l’ordre de 15 %, soit près de 5 points. Cela tient à leur position davantage en aval dans les chaînes de production mondiales.

En définitive, les pays les plus impactés par les mesures de confinement prises en avril sont les pays européens où le confinement a été le plus strict.

 

Références:

  • Leontief W. W., 1941, The structure of American Economy, 1919-1929, Cambridge, MA, Harvard University Press.
  • Hambÿe C., 2012, « Analyse entrées-sorties, Modèles, Multiplicateurs, Linkages », Bureau fédéral du Plan Working Paper, 12-12.
  • Gerschel E., Martinez A. et I. Méjean, 2020, « Propagation des chocs dans les chaînes de valeur internationales : le cas du coronavirus », Note IPP, n° 53, Institut des Politiques Publiques.
  • Timmer M. P., Dietzenbacher E., Los B., Stehrer R. et G. J. de Vries, 2015, « An illustrated user guide to the world input-output database : The case of global automotive production », Review of International Economics, vol. 23, n° 3, pp. 575-605.