Dix ans après le début de la crise financière mondiale

Pierre Morin (2017), Dix ans après le début de la crise financière mondiale, Revue Economique, pages 9 à 28 https://doi.org/10.3917/reco.hs02.0009

 

Mots clés : Banque, Crise, Finance, Mondiale

Dans cette article, on parle de la crise financière mondiale ayant eu lieu en 2008. Selon la scientifique Agnès Bénassy-Quéré (2009), il y a trois manières différentes d’expliquer la crise, selon qu’on insiste sur les incitations perverses dans le secteur financier, sur les déséquilibres macroéconomiques mondiaux ou sur une complexité systémique mal comprise et sous-évaluée.

Cette étude a pour objectif d’analyser l’évolution des différents impacts laissé par la crise financière d’une ampleur mondiale.

 

Développement:

Cette étude est axée sur l’analyse de la crise financière de 2008. Plusieurs point sont observés tels que le budget, la régulation bancaire, la croissance, les divergences, les risques de politique et de stabilité ainsi que les investissements, et dette.

  • Politiques actives

L’hypothèse d’un effondrement du système ne pouvait manquer d’être évoquée. Dès lors, les réponses ont dû mêler objectifs et contraintes de court comme de long terme.  Pour traiter ce type de crise, un réel travail institutionnel a été mis en place. Même si la crise de ses dettes publiques ne peut être considérée comme tout à fait éteinte, des écarts notables persistant entre taux d’intérêt acquittés par les dettes publiques, ces derniers sont stabilisés à de faibles niveaux, alors que des scénarios d’explosion de certains d’entre eux ont circulé.

  • Dix an de croissance faible et divergences

Au cours de ces dix dernières années, plusieurs études/analyse ont été mises en place afin d’essayer de comprendre la faible de croissance économique et les divergences. Les chercheurs ont donc analysés le: le taux de croissance du PIB ainsi que le productivité du travail, le taux de chômage, les soldes courants en part de PIB et également  les dettes publiques.

  • Interrogations

Les chercheurs de cette études se sont poser plusieurs questions :

    1. Des taux d’intérêt réels d’équilibre faible?
    2. Impact de la croissance d’inégalités?
    3. Responsabilité européenne?
    4. Gain de productivité faibles?
    5. Gain de productivités -> Arguments surestimés?
  • Risques de politique monétaire et stabilité financière

Aujourd’hui, il faudrait donc que les taux d’intérêt nominaux puissent devenir négatifs, à savoir qu’un tel objectif se heurte au fait que l’actif billets ne peut être associé à un taux d’intérêt négatif, et les auteurs exposent comment ils conçoivent le traitement de cet obstacle, introduisant un taux de change, prix des billets contre dépôts, fixé quotidiennement par la banque centrale en fonction de l’évolution du taux auquel elle rémunère les réserves excédentaires.

  • Investissement, politiques budgétaires, dette publique

La crise des dettes publiques européennes a suscité des propositions de mutualisation au moins partielle des dettes souveraines de la zone euro. Transposé au débat européen autour de l’éventuelle création d’obligations européennes, l’exemple américain montre que l’existence conjointe d’obligations municipales et fédérales peut être synonyme de stabilité financière pour l’Union, et ce, sans la mise en place d’un mécanisme de garantie du gouvernement fédéral et sans l’aide automatique d’une banque centrale.

 

Résultats:

Quelques années après la crise financière mondiale de 2008, le déploiement des politiques actives n’a pas pu créer de nouveau un contexte macroéconomique assez satisfaisant. En effet, seule une croissance faible a subsisté une légère croissance de la productivité. La perte de croissance est de l’ordre de 1,8 % par an, tant pour les États-Unis que le Japon et la zone euro.

De plus, avec de fortes dispersions, les taux de chômage sont en hausse, mais ils n’ont pas en général explosé et on note également que les déséquilibres des soldes courants perdurent.

Cependant, ces données ne peuvent proposer qu’une première approche dans la qualification des impacts dus la crise financière de 2008. Elles omettent la mention d’atouts plus ou moins liés à la qualité de leur économie, qui peuvent compter pour les États, tels la puissance, les réseaux d’influence, etc.

 

Conclusion:

Pour conclure, selon les chercheurs, l’effet des crises financières sur le niveau de la production de long terme est susceptible d’être durablement négatif, les estimations de cet effet étant comprises en général entre 1,5 % et 2,4 %. Mais un effet beaucoup plus marqué est estimé pour les crises financières profondes.

Toute crise teste la pertinence des concepts et des modèles des économistes. Il n’est pas possible de parler d’effondrement de l’économie réelle, dont les évolutions n’ont pas le caractère spectaculaire des krachs boursiers. Cette évolution a été obtenue au prix de politiques économiques extrêmement actives, qui ont transgressé leurs habitudes sur des points importants, sans que jamais d’impulsion durable de croissance, en particulier de croissance de l’investissement, n’apparaisse.

 

Ouverture:

Un grand nombre de chercheurs s’interroge en particulier sur l’invariance, dans les modèles, de la croissance potentielle aux chocs et aux politiques, la macroéconomie contemporaine présentant une forte similitude avec la physique newtonienne, où les oscillations d’un pendule, provoquées par une perturbation, s’amortissent jusqu’à ce qu’il s’immobilise sur le même équilibre.

 

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