Les plateformes : assureurs du XXIe siècle ?

Anne Trescases (2019), Les plateformes : assureurs du XXIe siècle ?, Revue internationale de droit économique, pages 291 à 304 https://doi-org.devinci.idm.oclc.org/10.3917/ride.333.0291

 

Mots clés : assurance, tiers de confiance, distribution, digitalisation, plateforme, co-innovation, régulation, blockchain, oracle

 

Aujourd’hui, les plateformes se multiplient dans la plupart des secteurs d’activité. Dans cet article, on s’interroge sur le fait de savoir si les plateformes sont ou seront les assureurs du XXIe siècle. Cette question revient à se demander si les plateformes digitales peuvent remplacer les assureurs.

Alors que l’assurance constitue un enjeu important pour les plateformes qu’elle communique aux utilisateurs, la multiplication des plateformes oblige les assureurs à entreprendre leur transformation digitale, afin de maintenir leur compétitivité.

Le modèle économique des plateformes numériques et les écosystèmes qui s’y construisent présentent encore d’indéniables avantages pour les assureurs en matière de croissance et de création de valeur, mais la stratégie big data de ces plateformes peut aussi laisser craindre qu’elles deviennent les assureurs de demain.

 

Développement:

La première fonction des plateformes digitales est d’organiser et de faciliter le partage de biens et de services entre individus. Celle-ci attise le besoin de confiance des utilisateurs des plateformes en devenant tiers de confiance. Selon l’article, la confiance dégagée a d’abord été favorisée par le régulateur puis, a été renforcée par les assureurs.

L’intérêt d’instaurer une confiance mutuelle entre les acteurs de la chaîne de valeur est indispensable pour assurer la pérennité des plateformes digitales, et ce, afin d’obtenir un avantage compétitif, ainsi que d’améliorer leur réputation et également de générer de nouvelles sources de revenus.

L’étude nous apprend que l’économie des plateformes est structurée de telle manière que la présence d’une assurance constitue désormais la norme. Différentes offres assurantielles sont pourvoyeuses de confiance et permettent aux plateformes d’exposer leur réputation, mais également d’espérer des revenus complémentaires, grâce au système de commissions mis en place. Lorsque les plateformes digitales proposent des produits d’assurance à leurs utilisateurs, elles deviennent des nouveaux distributeurs d’assurances, relevant elles-mêmes d’un secteur d’activité très réglementé auquel il paraît difficile d’échapper. Toutefois, l’intérêt manifesté par les plateformes pour l’assurance ne se limite pas à la distribution de produits d’assurance, mais se traduit également par une volonté de s’accaparer une partie du marché de l’assurance. L’assurance serait en mesure de connaître une plateformisation de son activité.

Cet article nous montre que l’assurance est modifiée par l’apparition des plateformes, mais il faut savoir que la plateformisation de l’activité assurantielle est loin d’être uniforme. C’est là qu’apparaît la menace des nouveaux entrants, qui eux, ne manquent pas d’atouts avec une ambition d’apporter plus de transparence, d’offrir des produits et des services diversifiés mieux adaptés. Tout cela à un tarif individualisé, davantage de facilité et de flexibilité, jusqu’à reposer sur un modèle de co-innovation.

C’est alors que les nouveaux acteurs se disputent le paysage assurantiel. Il faut alors distinguer l’assurance digitale des plateformes innovantes.

Les acteurs traditionnels se sentent relativement protégés par les réglementaires et les modèles économiques traditionnels qui limitent l’introduction de nouveaux acteurs. De plus, l’apparition des plateformes digitales a constitué un nouveau canal d’acquisition clients et a permis aux assureurs de valoriser une image de marque innovante. Enfin, l’émergence de ces différentes plateformes a encouragé les assureurs traditionnels à amorcer le tournant de la digitalisation, afin de se réinventer sous l’effet de cette concurrence.

La réaction des assureurs face à la « plateformisation » de leur activité n’est donc pas aussi défensive que dans d’autres secteurs.

 

Résultats:

La technologie appelée “blockchain” promet à tous les acteurs de gagner en efficacité, tout en leur permettant d’augmenter considérablement leurs transactions, et révolutionner la connaissance du client, tout en réduisant les coûts de gestion par l’automatisation et en éliminant les risques d’erreurs et de fraudes.

Néanmoins, l’intégration d’un système tel que celui-ci, suppose d’établir la confiance autour de cette technologie et donc il faut au préalable régler les questions d’ordre juridique qui pourraient entraver son développement.

 

Conclusion:

Pour conclure, le secteur de l’assurance ne peut échapper aux transformations qui ont eu un impact sur l’ensemble des acteurs économiques.

La chaîne de valeur de l’assurance fait face à des bouleversements et ainsi, la distribution est probablement la première impactée actuellement, ce qui obligea les assureurs à accélérer leur transformation digitale.

Néanmoins, le modèle économique des plateformes numériques actuel, ainsi que les écosystèmes permettent de créer de la valeur. Au-delà du nombre de clients numériques, la maîtrise de la donnée permet aux plateformes de comprendre et d’anticiper les besoins des clients. Les plateformes pourraient donc rapidement devenir le nouveau canal de distribution des assurances.

Il faut noter que grâce à la stratégie du big data, les plateformes deviendront probablement l’assureur de demain.