« Le rôle des médias sociaux en politique : une revue de la littérature » Bader Ben Mansour, Université Laval

Référence APA de l’article : BEN MANSOUR B. (2017). « Le rôle des médias sociaux en politique : une revue de littérature ». Regards politiques 1(1) : 3-17.

Mots-clés : communication politique, médias sociaux, web 2.0, participation politique

Bader Ben Mansour est doctorant en communication politique, chercheur-étudiant au groupe de recherche en communication politique (GRCP), membre-étudiant au centre pour l’étude de la citoyenneté démocratique (CÉCD), membre-chercheur au centre interdisciplinaire de recherche sur l’Afrique et le Moyen-Orient (CIRAM). Ce spécialiste de la communication politique s’intéresse au rôle de l’Internet et des médias sociaux dans le développement de la démocratie et à l’usage des médias sociaux par le monde politique.

Dans cet article universitaire, Bader Ben Mansour présente et développe le potentiel d’internet et des médias sociaux à bouleverser les campagnes électorales et la communication politique en général. En effet, la croissance très rapide des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) et de l’essor des médias sociaux a joué un rôle crucial dans de nombreuses campagnes électorales, comme celle de Barack Obama en 2008 par Facebook et lors des Printemps Arabes en 2011.

Ben Mansour présente la communication politique de façon chronologique : il décrit 3 ères de la communication, en fonction de l’évolution des TIC :

1er âge de la communication politique : Époque des discours partisans en pleine rue, la communication est faite via des affiches, des débats sociaux, via la presse partisane…


2ème âge de la communication politique : A partir des années 1960, avec l’apparition et la démocratisation de la Télévision, les politiciens et partis politiques pratiquent une « communication de masse ». En effet, la TV est devenue le nouveau média dominant et la communication politique se professionnalise : les stratégies de campagne évoluent et s’uniformisent.


3ème âge de la communication politique :
A partir des années 1990 et l’apparition d’internet, les messages politiques se sont diversifiés et les canaux de diffusion se sont multipliés. Internet a permis un meilleur ciblage des électeurs et est devenu un nouvel outil de campagne.

Internet a joué un rôle essentiel dans l’évolution des stratégies de communication politique. Le 3ème âge de la communication politiquepeut être divisé en deux époques :

Le Web 1.0, qui se concentrait essentiellement sur la création et la diffusion d’information (par le biais de sites internet notamment)

Le Web 2.0 a été marqué par l’apparition des réseaux sociaux à partir de 2008, qui ont marqués un tournant : ces nouveaux médias mettent l’accent sur l’interactivité, les interactions sociales et les plateformes collaboratives.

Ces nouvelles TIC sont à l’origine d’une modification des stratégies de communication : les partis politiques et les politiciens ont optés pour une communication hybride selon Ben Mansour : les médias sociaux et les médias traditionnels se complètent mutuellement. L’innovation suggère que les personnalités politiques peuvent désormais communiquer avec les électeurs sans passer par les médias traditionnels. Certains politiciens restent cependant sceptiques vis-à-vis des réseaux sociaux et négligent ainsi ces médias.

L’un des principaux atouts des réseaux sociaux réside dans leur culture participative : les médias sociaux permettent de combler le fossé entre électeurs et personnalités politiques. Selon Bader Ben Mansour, ce fossé s’explique notamment par un malaise démocratique des jeunes et une baisse de l’intérêt et de la participation politique.

Les politiciens et partis politiques utilisent aussi les réseaux sociaux pour entretenir le lien avec leurs électeurs et créer des communautés. Une telle activité sur les réseaux sociaux permet de booster la participation, l’engagement et le militantisme politique.

Même les citoyens désintéressés par la politique sont parfois exposés à des messages politiques sur les réseaux sociaux. Les citoyens engagés politiquement vont interagir avec les posts des politiciens : les relayer, partager, y répondre… Ainsi, la visibilité des politiciens se trouve grandement étendue.

Ben Mansour présente également les différents degrés d’engagement politique sur les réseaux sociaux : les politiciens profitent du militantisme de leurs électeurs sur les réseaux sociaux. Cependant, pour Ben Mansour les réseaux sociaux sont surtout des espaces propices pour présenter une bonne image politique et façonner les perceptions du public.

Références :

  • Bimber, B. (2014). Digital media in the obama campaigns of 2008 and 2012: Adaptation to the personalized political communication environment. Journal of Information Technology & Politics, 11(2), 130–150.
  • Blumler, J. G., & Kavanagh, D. (1999). The third age of political communication: Influences and features. Political communication, 16(3), 209–230.
  • Chadwick, A. (2013). The hybrid media system: Politics and power. Oxford University Press.
  • Gibson, R., & Cantijoch, M. (2013). Conceptualizing and measuring participation in the age of the internet: Is online political engagement really different to offline ? The Journal of Politics, 75(3), 701–716.
  • Koc-Michalska, K., Gibson, R., & Vedel, T. (2014). Online campaigning in france, 2007–2012 : political actors and citizens in the aftermath of the web. 2.0 evolution. Journal of Information Technology & Politics, 11(2), 220–244.
  • Wojcik, S., Gadras, S., & Blanchard, G. (2013). Analyser la participation politique en ligne : des traces numeriques aux pra- ´ tiques sociales. Armand Colin.