Fiche de lecture : Zimmer, J. C., Arsal, R., Al-Marzouq, M., Moore, D., Grover, V., (2010). “Knowing your customers: Using a reciprocal relationship to enhance voluntary information disclosure”, Decision Support System, 48, pp. 395-406.

Idée générale : Une relation sociale travaillée entre un site et son utilisateur maximise la probabilité de partage d’informations personnelles.

Résumé : Le processus de décision de partage d’information chez les individus est sujet au privacy calculus, et les intentions de partage ne débouchent pas nécessairement sur un acte effectif selon la théorie des actions raisonnées (TRA, Ajzen et Fishbein 1980). L’article se propose donc d’explorer une stratégie de technique sociale pour maximiser le partage volontaire d’information. L’article fonde son raisonnement sur la théorie des échanges sociaux, qui stipule qu’un individu s’engagera dans un partage d’information si son partenaire dévoile des informations similaires en premier lieu (Chelune 1979). Sur ce principe, les auteurs se demandent si une relation réciproque d’un site avec son utilisateur maximiserait la probabilité de partage d’informations par ce dernier. L’article teste donc 3 niveaux de collectes de données  sur la concrétisation de l’intention de partage des données par un utilisateur : non-dyadique (simple demande d’informations), dyadique non raisonnée (partage, par le site, d’informations similaires à celles qui sont demandées) et dyadique raisonnée (collecte dyadique irrationnelle à laquelle s’ajoute des explications concernant l’utilisation des données demandées). Les auteurs émettent l’hypothèse qu’une relation dyadique non raisonnée modère positivement la relation entre intention  de partage et partage effectif,  et que cette modération est encore plus forte en cas de relation dyadique raisonnée. Les résultats ne valident pas l’influence de la condition dyadique non raisonnée mais démontrent cependant que lorsque l’intention de partage augmente, elle augmente plus rapidement lorsqu’elle est sous condition dyadique raisonnée. Dans le cas inverse d’une intention décroissante, l’intention décroit moins rapidement si elle est, elle aussi, sous condition dyadique raisonnée. Ainsi, les sites devraient faire de la présence para-sociale une priorité pour maximiser la probabilité de partage volontaire d’informations personnelles sur leurs structures.

Méthodologie de recherche : Méthode quantitative par questionnaire sur 264 répondants. Les répondants remplissent d’abord la partie qui mesure la variable de contrôle (bénéfices perçus en naviguant sur le site)  puis visitent le site choisi pour l’expérience en suivant les étapes prescrite par le questionnaire. WebMD.com a été choisi comme site cible. Il remplit les critères essentiels pour l’étude : c’est un site médical donc sur lequel le répondant est susceptible de partager des informations sensibles et de rechercher un aspect social lors de sa visite sur le site; il offre un accès à des contenus gratuits, donc le partage d’informations par l’individu est volontaire. Une fois la procédure de navigation sur le site complétée,  le répondant remplit les champs du questionnaire qui évalue les intentions de partage d’information.

Note d’intérêt : Cet article conforte l’idée que la formation des inquiétudes de vie privée n’est pas seulement influencée par les contenus que propose un site. Les intérêts des utilisateurs en ligne ne devraient pas être unilatéraux (du consommateur vers le site) mais réciproques (également du site vers l’utilisateur).  La forme a également de l’importance dans la modération des inquiétudes. (H2)

Bibliographie utilisée:

  • Ajzen, I., Fishbein., M., (1980). Understanding Attitudes and Predicting Social Behavior. Prentice-Hall, Englewood Cliffs, NJ
  • Archer, R.L., “Role of personality and the social situation”, in: Chelune, G.J. Self-Disclosure: Origins, Patterns and Implications of Openness in Interpersonal Relationships, San Francisco: Jossey-Bass, 1979, pp. 28–58.